Charles Aznavour
Vers la page II
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Mourir d'aimer (un donateur
anonyme)
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Mes Emmerdes
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La bohème
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Un grand merci à Talita Cardoso Cordoba de Lima
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... à Pierre Malher ...
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... à Christine Persichino ...
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... à Mario Paz
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... à B. Labbe
Mes Emmerdes
J'ai travaillé des années,
Sans répit, jour et nuit
Pour réussir
Pour gravir le sommet
En oubliant souvent dans
Ma course contre le temps
Mes amis, mes amours,
Mes emmerdes
A corps perdu j'ai couru
Assoiffé, obstiné,
Vers l'horizon
L'illusion, vers l'abstrait
En sacrifiant, c'est navrant,
Je m'en accuse à présent
Mes amis, mes amours,
Mes emmerdes
Mes amis c'était tout en partage
Mes amours faisaient très bien l'amour
Mes emmerdes étaient ceux de notre âge
Où l'argent c'est dommage
Eperonnait nos jours
Pour être fier, je suis fier
Entre nous, je l'avoue,
J'ai fait ma vie
Mais il y a un "Mais"
Je donnerais ce que j'ai
Pour retrouver, je l'admets,
Mes amis, mes amours,
Mes emmerdes
Mes relations vraiment sont
Haut placées, décorées,
Influents, bedonnants,
Des gens bien
Ils sont sérieux, mais près d'eux
J'ai toujours le regret de
Mes amis, mes amours,
Mes emmerdes
Mes amis étaient plein d'insouciance
Mes amours avaient le corps. Brûlant
Mes emmerdes aujourd'hui
Quand j'y pense
Avaient peu d'importance
Et c'était le bon temps
Les canulars, les pétards,
Les folies, les orgies,
Le jour du bac,
Le cognac, les refrains
Tout ce qui fait, je le sais,
Que je n'oublierai jamais
Mes amis, mes amours,
Mes emmerdes
La Bohème
Je vous parle d'un temps
Que les moins de vingt ans
Ne peuvent pas connaître
Montmartre en ce temps-là
Accrochait ces lilas
Jusque sous nos fenêtres
Et si l'humble garni
Qui nous servait de nid
Ne payait pas de mine
C'est là qu'on s'est connu
Moi qui criait famine
Et toi qui posait nue
La bohème, la bohème
Ça voulait dire on est heureux
La bohème, la bohème
Nous ne mangions qu'un jour sur deux
Dans les cafés voisins
Nous étions quelques uns
Qui attendions la gloire
Et bien que miséreux
Avec le ventre creux
Nous ne cessions d'y croire
Et quand quelque bistro
Contre un bon repas chaud
Nous prenait une toile
Nous récitions des vers
Groupés autour du poêle
En oubliant l'hiver
La bohème, la bohème
Ça voulait dire tu es jolie
La bohème, la bohème
Et nous avions tous du génie
Souvent il m'arrivait
Devant mon chevalet
De passer des nuits blanches
Retouchant le dessin
De la ligne d'un sein
Du galbe d'une hanche
Et ce n'est qu'au matin
Qu'on s'assayait enfin
Devant un café-crême
Épuisés mais ravis
Fallait-il que l'on s'aime
Et qu'on aime la vie
La bohème, la bohème
Ça voulait dire on a vingt ans
La bohème, la bohème
Et nous vivions de l'air du temps
Quand au hasard des jours
Je m'en vais faire un tour
A mon ancienne adresse
Je ne reconnais plus
Ni les murs, ni les rues
Qui ont vu ma jeunesse
En haut d'un escalier
Je cherche l'atelier
Dont plus rien ne subsiste
Dans son nouveau décor
Montmartre semble triste
Et les lilas sont morts
La bohème, la bohème
On était jeunes, on était fous
La bohème, la bohème
Ça ne veut plus rien dire du tout
Hier encore
Hier encore,
J'avais vingt ans
Je caressais le temps
Et jouais de la vie
Comme on joue de l'amour
Et je vivais la nuit
Sans compter sur mes jours
Qui fuyaient dans le temps
J'ai fait tant de projets qui sont restés en l'air,
J'ai fondé tant d'espoirs qui se sont envolés
Que je reste perdu ne sachant où aller
Les yeus cherchant le ciel
Mais le coeur mis en terre
Hier encore,
J'avais vingt ans
Je gaspillais le temps
En croyant l'arrêter
Et pour le retenir même le devancer
Je n'ai fait que courir et me suis essouflé
Ignorant le passé
Conjugant au futur
Je précédais de moi toute conversation
Et donnais mon avis que je voulais le bon
Pour critiquer le monde avec désinvolture
Hier encore,
J'avais vingt ans
Mais j'ai perdu mon temps
À faire des folies
Qui ne me laisse au fond rien de vraiment précis
Que quelques rides au front et la peur de l'ennui
Car mes amours sont mortes avant que d'exister
Mes amis sont partis et ne reviendront pas
Par ma faute j'ai fait le vide autour de moi
Et j'ai gâché ma vie et mes jeunes années
Du meilleur et du pire
En jetant le meilleur
J'ai figé mes sourires et j'ai glacé mes pleurs
Où sont-ils à présent,
À présent,
Mes vingt ans?"
Il Faut Savoir
Il faut savoir
Encore sourire
Quand le meilleur s'est retiré
Et qu'il ne reste que le pire dans une vie bête à pleurer
Il faut savoir
Coûte que coûte garder toute sa dignité
Et malgré ce qui nous en coûte
S'en aller sans se retourner
Face au destin
Qui nous désarme
Et devant le bonheur perdu
Il faut savoir Cacher ses larmes
Mais moi, mon coeur, je n'ai pas su
Il faut savoir
Quitter la table
Lorsque l'amour est desservi
Sans s'accrocher l'air pitoyable
Mais partir sans faire de bruit
Il faut savoir
Cacher sa peine
Sous le masque de tous les jours
Et retenir les cris de haine
Qui sont les derniers mots d'amour
Il faut savoir
Rester de glace
Et taire un coeur qui meurt déjà
Il faut savoir
Garder la face
Mais moi je t'aime trop
Mais moi je ne peux pas
Il faut savoir
Mais moi je ne sais pas
Mon émouvant
amour,
TU vis dans un silence éternel et muet,
où je traduis tes regards et lis dans tes sourires,
interprétant les mots que tes mains veulent dire
dans ton language étrange qui semble être un ballet..
Un émouvant ballet que tu règles pour moi
de gestes façinants qui ne sont jamais les mêmes
et quand du bout des doigts tu murmures je t'aime,
j'ai l'impression parfois comme entendre ta voix..
Mon amour, mon amour, mon amour,
mon émouvant amour, mon merveilleux amour, mon déchirant
amour
Comme pour te parler, je manquai de moyens me trouvant près de toi,
comme en terre étrangère, ne pouvant me servir d'aucun vocabulaire,
à mon tour j'ai appris le langage des mains, tu ris un peu de moi,
car je suis maladroit, et fais souvent des gaffes,
je n'ai jamais été très fort en orthographe,
mais j'ai tant à te dire et je t'aime si fort..
Mon amour, mon amour, mon amour, mon émouvant amour,
mon merveilleux amour, mon déchirant amour.. (bis)
Isabelle
Depuis longtemps mon coeur était à la retraite
Et ne pensait jamais de voir se réveiller
Mais au son de ta voix j'ai relevé la tête
Et l'amour m'a repris avant que d'y penser
Isabelle...mon amour
Comme on passe les doigts entre l'arbre et l'écorce
L'amour s'est infiltré s'est glissé sous ma peau
Avec tant d'insistance et avec tant de force
Que je n'ai plus depuis ni calme ni repos
Isabelle... mon amour
Les heures près de toi fuient comme des secondes
Les journées loind de toi ressemblent à des années
Qui donnent à mon amour un goût de fin du monde
Elles troublent mon corps autant que ma pensée
Isabelle...mon amour
Tu vis dans la lumière et moi dans les coins sombres
Car tu te meurs de vivre et je me meurs d'amour
Je me contenterais de caresser ton ombre
Si tu voulais m'ofrrir ton destin pour toujours
Isabelle...mon amour
Avec
Avec ton sourire au coin de tes lèvres
Avec ton regard comme rempli de fièvre
Tu sembles sortir des mains d'un orfièvre
Et je ne peux que t'aimer mon amour
Avec dans ton coeur des points vulnérables
Avec les fureurs dont tu es capable
Tu es tour à tour l'ange ou bien le diable
Qui vient troubler mes nuits et mes jours
Ceux qui disent des sottises
Et prédisent notre échec
Je les ignore et t'adore
Plus encore avec
Avec tes façon de fille à la page
Avec tes curieux écarts de langage
Le peu de printemps qui compte ton âge
Je voudrais bien te garder toujours
Avec dans ta tête un grain de folie
Avec dans ton corps le goût de la vie
J'ai trouvé en toi toute une harmonie
Et je ne peux que t'aimer mon amour
Avec ta pudeur mêlée d'indécence
Avec ta candeur frôlant l'inconsciense
Ta maturité si près de lénfance
Je voudrais bien te garder toujours
Avec tes chagrins
Tes éclats de voix
Ton rire enfantin
Ta manière à toi
De parler soudain
De n'importe quoi
Et qui vont si bien
Avec toi
Ton doux visage
Ton doux visage
Que caresse un autre que moi
Ton doux visage
Je l'entrevois
Dans ces images
Qui viennent sans fin se jeter
A l'abordage
De mes pensées
Ton doux visage
Vient hanter mes nuits sans amour
Comme un mirage
En contre-jour
Sous l'éclairage
Des souvenirs en noir et blanc
De mon cinéma personnel et permanent
Ton doux visage
Debout planté sur mon passé
Me dévisage
Et fait sauter
Le maquillage
Qui cherche à masquer vainement
Le mal de l'âge
L'oeuvre du temps
Je suis l'otage
De mes regrets, de mes passions
Et du chantage
Que des chansons font avec rage
A mon coeur par des mots d'amour
Quand ma mémoire hurle au scandale et au secours
Ton doux visage
Qui m'obsède et me fait souffrir
Est l'héritage
De souvenirs
Et d'effeuillages
Baisers volés et doigts tremblants
Dans ton corsage
Sur tes printemps
Et les ancrages
Au bout des sens, au creux du lit
Les engrenages
De la folie
De ces ravages
Pour deux coeurs sans dessus dessous
Jouant au jeu de la mort lente et l'amour fou
Ton doux visage
Je l'ai perdu à tout jamais
C'est un ratage
Et je le sais
De ce naufrage
Je sortirai in extremis
Non sans dommage
Du temps jadis
De mes voyages
Dans tes yeux tendres et ton corps chaud
De ces rivages
J'ai dans la peau
Ton doux visage
Emergeant du flou de l'oubli
Pour briller au creux de mon âme et de mes nuits
Car ton visage
Ce doux visage
Est le visage
De ma vie.
Toi et Moi
Toi et moi
Deux coeurs qui se confondent
Au seuil de l'infini
Loin du reste du monde
Haletants et soumis
A bord du lit
Qui tangue et va
Sous toi et moi
Toi et moi
Libérés des mensonges
Et sevrés des tabous
Quand la nuit se prolonge
Entre râles et remous
Nos songes fous Inventent un nous
Entre chien et loup dans nos rêves déserts
L'amour a su combler les silences
Et nous ces enfants nus vierges de nos hiers
Devenons toi et moi, lavés de nos enfers
Porte-moi
Au delà des angoisses
A l'appel du désir
Du coeur de nos fantasmes
Aux confins du plaisir
Que Dieu créa
Pour toi et moi
J'étais sans espoir tu as changé mon sort
Offrant à ma vie une autre chance
Les mots ne sont que mots, les tiens vibraient si fort
Qu'en parlant à ma peau ils éveillaient mon corps
Aime-moi
Fais-moi l'amour encore
Encore et parle-moi
Pour que jusqu'aux aurores
Aux sources de nos joies
Mes jours se noient
Dans toi et moi.
Les plaisirs demodés
Dans le bruit familier de la boîte à la mode
Aux lueurs psychédéliques aux curieux décorum
Nous découvrons assis sur des chaises incommodes
Les derniers disques Pop poussés au maximum
C'est là qu'on s'est connu parmi ceux de notre âge
Toi vétue en indienne et moi en col Mao
Nous
Revenons depuis comme en pélerinage
Danser dans la fumée à couper au couteau
Viens
Découvrons toi et moi les plaisirs démodés
Ton coeur contre mon coeur malgé les rythmes fous
Je veux sentir mon corps par ton corps épousé
Dansons joue contre joue (bis)
Viens Noyés dans la cohue mais dissociés du bruit
Comme si sur la terre il n'y avait que nous
Glissons les yeux mi-clos jusqu'au bout de la nuit
Dansons joue contre joue (bis)
Sur la piste envahie c'est un spectacle rare
Les danseurs sont en transe et la musique aidant
Ils semblent sacrifier à des rythmes barbares
Sur des airs d'aujourd'hui souvent vieux de tout temps
L'un et l'autre étrangers bien que dansant ensemble
Les couples se démêlent on dirait que pour eux
La
Musique et l'amour ne font pas corps ensemble
Dans cette obscurité propice aux amoureux
Parlé
Serres-toi encore plus fort
T'occupes pas des autres
On est bien comme ça ma joue contre ta joue
Tu t'souviens ça fait un drôle d'effet
Tout d'même, on a l'impression d'danser comme nos parents
Dans l'fond ils avaient peut-être pas tout à fait tort
Les époques changent , l'amour reste
Allez, dansons joue contre joue
QUE C'EST TRISTE
VENISE
(C. Aznavour / F. Dorim)
Que c’est triste Venise
Au temps des amours mortes
Que c’est triste Venise
Quand on ne s’aime plus
On cherche encore des mots
Mais la nuit les emporte
On voudrait bien pleurer
Mais on ne le peut plus
Que c’est triste Venise
Lorsque les barcarolles
Le viennent souligner
Que le silence est creux
Et que le coeur se serre
En voyant les gondoles
Abriter le bonheur
Des couples amoureux
Que c’est triste Venise
Au temps des amours mortes
Que c’est triste Venise
Quand on ne s’aime plus
Les musées, les églises
Ouvrent en vain leurs portes
Inutile beauté devant nos yeux déçus
Que c’est triste Venise
Le soir sur la lagune
Quand on cherche le main
Que nous ne goûtons pas
Et que l’on ironise
Devant le clair de lune
Pour tenter d’oublier
Ce qu’on ne se dit pas
Adieu tous les pigeons
Qui nous on fait escorte
Adieu Pont des Soupirs
Adieu rêves perdus
C’est trop triste Venise
Au temps des amours mortes
C’est trop triste Venise
Quand on ne s’aime plus
Mourir d'aimer
Les parois de ma vie sont lisses
Je m'y accroche mais je glisse
Lentement vers ma destinée
Mourir d'aimer
Tandis que le monde me juge
Je ne vois pour moi qu'un refuge
Toutes les issues m'étant condamnées
Mourir d'aimer
Mourir d'aimer
De plein gré s'enfoncer dans la nuit
Payer l'amour au prix de sa vie
Pêcher contre le corps mais non contre l'esprit
Laissant le monde à ses problèmes
Les gens haineux face à eux-mêmes
Avec leurs petites idées
Mourir d'aimer
Puisque notre amour ne peut vivre
Mieux vaut en refermer le livre
Et plutot que de le brûler
Mourir d'aimer
Partir en redressant la tête
Sortir vainqueur d'un défaite
Renverser toutes les données
Mourir d'aimer
Mourir d'aimer
Comme on le peut de n'importe quoi
Abandonner tout derrière soi
Pour emporter que ce qui fut nous, qui fut toi
Tu es le printemps, moi l'automne
Ton coeur se prend , le mien se donne
Et ma route est déjà tracée
Mourir d'aimer
Mourir d'aimer
D'aimer
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