Je ne connais rien d'elle,
Et pourtant je la vois.
J'ai inventé son nom,
J'ai entendu sa voix.
J'ai dessiné son corps,
Et j'ai peint son visage,
Son portrait et l'amour
Ne font plus qu'une image.
Elle a cette beauté
Des filles romantiques,
Et d'un Botticelli
Le regard innocent.
Son profil est celui
De ces vierges mythiques
Qui hantent les musées
Et les adolescents.
Sa démarche ressemble
Aux souvenirs d'enfant
Qui trottent dans ma tête
Et dansent en rêvant.
Sur son front, ses cheveux
Sont de l'or en bataille
Que le vent de la mer
Et le soleil chamaillent.
Je pourrais vous parler
De ses yeux, de ses mains.
Je pourrais vous parler
D'elle jusqu'à demain.
Son amour, c'est ma vie,
Mais à quoi bon rêver ?
Je l'ai cherchée partout,
Je ne l'ai pas trouvée.
Il pourrait nous parler
De ses yeux, de ses mains.
Il pourrait nous parler
D'elle jusqu'à demain.
Son amour, c'est sa vie,
Mais à quoi bon rêver ?
Il l'a cherchée partout,
Il ne l'a pas trouvée.
Est-elle loin d'ici ?
Est-elle près de moi ?
Je n'en sais rien encore,
Mais je sais qu'elle existe.
Est-elle pécheresse,
Ou bien fille de roi ?
Que m'importe son sang,
Puisque je suis artiste
Et que l'amour dicte sa loi.
Préférant au pire le meilleur,
La bonne humeur à la tristesse,
Les jolies filles aux laideronesses,
Et le plaisir à la douleur.
Nous voyageons de fille en fille,
Nous butinons de coeurs en coeurs,
A tire d'ailes, dans chaque port,
A corps perdus dans chaque ville.
Notre vie c'est le vent du large,
L'odeur du pain, le goût du vin,
Le soleil pâle des matins,
Le soleil noir des soirs d'orage.
Le sourire d'une enfant sage,
La sieste dans le foin coupé,
L'amour fou au milieu des blés,
Et le vent frais sur le visage.
Nous voyageons de ville en ville,
Nos lendemains sont incertains,
Une blonde vous tend la main,
C'est à nouveau la vie facile.
Un jour ici, un jour ailleurs,
Notre vie comme un romance,
S'élance sur un air de chance,
Courant de bonheur en bonheur.
Préférant le joie au malheur,
L'intelligence à la bêtise,
A l'hypocrisie la franchise,
Aux gendarmes les gens de coeur.
Nous voyageons de fête en fête,
On nous désigne de la main,
On nous appelle les forains,
En vérité on est poètes.
Un jour sérieux, un jour rieurs,
Notre vie joue en alternance
La tragédie de l'existence
Et la comédie du bonheur.
Amis à la vie, à la mort,
Princes sans peur et sans reproche,
Chevaliers sans un sou en poche,
Par contre notre coeur est d'or.
Nous voyageons de ville en ville,
Du Val-de-Loire au bord du Rhin,
On nous appelle les forains,
La route est notre domicile.
Nous voyageons de ville en ville,
Du Val-de-Loire au bord du Rhin,
On nous appelle les forains,
La route est notre domicile !
Le hasard, qui fait d'habitude
Si bien les choses, s'est trompé,
En semant des roses fanées
Au coeur de nos deux solitudes,
En semant des roses fanées
Au coeur de nos deux solitudes.
Si les roses de notre amour
Ne fleurissent plus qu'en épines,
Et si tu préfères l'aigue-marine,
Cela ne vaut pas même un discours,
Veux-tu pour ça que je t'assasine,
Ou veux-tu que je meurs d'amour?
Tu avais tout pour me séduire,
Le nez, la bouche, le front, les cheveux,
Si tu avais eu les yeux bleus,
J'aurais pu d'amour pour toi mourir.
Si tu avais eu les yeux bleus,
J'aurais pu pour toi mourir d'amour.
Si mes beaux yeux, chère Marquise,
Ne te font plus mourir d'amour,
Si un marin t'as fait la cour,
Qu'est-ce que tu veux que je te dise ?
Veux-tu que je me scandalise,
Veux-tu que je meurs de jalousie ?
Il ne faut pas que tu m'en veuilles,
Ou je vais me mettre à pleurer.
Mon maquillage va couler,
Et j'ai déjà la larme à l'oeil.
Mon maquillage va couler,
Et j'ai déjà la larme à l'oeil.
Envolez-vous, mes tourterelles,
Partez, voyagez au long cours!
Puisque ni nos yeux, ni nos discours
Ne vous font plus frémir d'amour,
Envolez-vous, mes toutes belles,
Bon voyage et belles amours!
Nous voyageons de fille en fille,
Nous butinons de coeur en coeur,
Un jour ici, un jour ailleurs,
Dans la vie tout nous est facile.
Me voilà à genoux cernée par les vélos,
Recherchant les cahiers, les crayons, les stylos
Répandus çà et là lorsqu'une voix aimable
Me fait lever les yeux vers un type adorable !
Comme un souffle grisant sa voix à mon oreille,
Chante, fredonne et joue comme un envol d'abeilles.
Je croise son regard et son regard me toise,
Je suis émerveillée,
Puis je reste pantoise.
Moi, comme je les aime, un air intelligent,
Un sourire incertain, quelques mèches d'argent,
Dans une chevelure de pâtre ou de poète,
Un concerto sublime éclate dans ma tête !
Son doux regard au mien s'oppose longuement,
Ensorcelés tous deux par un enchantement,
Boubou attend toujours, autos, vélos défilent,
Et le temps, lentement,
Perpétue notre idylle.
Mais il me faut partir et mon coeur s'y résigne,
Car mon bel inconnu du départ donne le signe,
Il se lève et sa voix émue me dit en face:
«Votre combinaison, le saviez-vous, dépasse»!
Ce fut tout...
Est-il près, est-il loin, est-il à Rochefort?
Je le retrouverai, car je sais qu'il existe.
Bien plus que la raison, le coeur est le plus fort,
A son ordre, à sa loi, personne ne résiste,
Et je n'y résisterai pas.
Il a cette beauté des hommes romantiques,
Du divin Raphaël le talent imité,
Une philosophie d'esprit démocratique,
Et du poète enfin la rime illimitée.
Je pourrais te parler de ses yeux, de ses mains,
Je pourrais te parler de lui jusqu'à demain.
Son amour, c'est ma vie, mais à quoi bon rêver ?
L'illusion de l'amour n'est pas l'amour trouvé.
Est-il près, est-il loin, est-il à Rochefort ?
Je le rencontrerai car je sais qu'il existe.
Bien plus que la raison, le coeur est le plus fort,
A son ordre, à sa loi, personne ne résiste,
Et je n'y résisterai pas.
Elle envoûtait les foules,
Et des salles entières
L'acclamaient en hurlant
Aux soirées de premières.
On a ouvert la malle, et aussi une enquête,
On attend les détails, la police est discrète.
On pose des questions, on fouille l'entourage
Afin de découvrir l'auteur du découpage.
J'ai été arrêtée par un car de police
En rentrant de l'école où j'ai mis votre fils.
Je me suis renseignée, on cherchait un sadique,
Que certains qualifiaient de fou métaphysique.
D'autres disaient de lui que c'est laid, que c'est lâche,
L'arme du crime étant ou la scie ou la hache,
Le monstre avait coupé la dame savamment
Et rangé les morceaux avec discernement
Dans l'ordre énuméré par l'ordre des docteurs
Avec les pieds en bas... - Arrêtez! Quelle horreur!
On dit que l'on s'agite en milieu informé,
Que la population ne doit pas s'alarmer.
Je vais aller voir ça, le mystère m'enchante,
Puis je prendrai mon train...
- Il va en perm' à Nantes!
Au revoir, à lundi
- Prenez votre bagage,
- Au revoir, mes amis
- Et faites bon voyage!
Dieu que ce crime est laid, et quel assassin sale!
- Il rangea cependant les morceaux dans la malle...
Pour une symphonie j'aurais vendu mon frère,
Pour une mélodie j'aurais trahi mon père,
Je n'étais que musique, et jusqu'à
aujourd'hui
Par qui aurais-je pu être séduit?
Je possède à présent tout ce
que je souhaitais,
Le succès, le talent, de l'argent sans compter,
On me flatte, on m'adule, on me déshumanise,
Je suis découragé par la bêtise.
J'aurais préféré me battre pour
des vraies richesses,
J'aurais tout sacrifié pour trois sous de
tendresse,
Il me manquait l'amour, et l'amour m'appartient
Depuis que cette fille a croisé mon chemin.
Est-elle loin d'ici, est-elle près de moi
?
Je ne l'ai pas revue, mais je sais qu'elle existe.
Est-elle puritaine ou bien fille de joie ?
Qu'importe sa vertu, puisque je suis artiste,
Et que l'amour dicte sa loi.
Elle m'avait appris dans le plus doux moment
Qu'elle attendait de moi l'heureux événement
Qui enorgueillit l'homme et anoblit la femme.
Mais elle refusait le nom de Madame Dame.
Pourtant je lui plaisais, je l'appelais ma muse,
Mais je ne savais pas, le poète s'amuse,
Qu'un nom comme le mien pût l'agacer autant,
Je ne l'ai pas compris, hélas, au bon moment.
J'étais un beau jeune homme, elle une demoiselle,
Qui sans le faire exprès avait eu des jumelles,
Que je n'ai jamais vues, elles vivaient en pension,
Et ne rentraient jamais le soir à la maison.
Quelques années plus tard, par un ami commun,
J'ai su qu'un étranger sollicitait sa main,
Ils partirent tous deux quelque part au Mexique,
Pour vivre leur amour au bord du Pacifique.
A présent je suis seul comme un amant déçu,
J'ai voulu voir la ville où je l'avais connue,
Je m'y suis installé, et depuis j'y demeure,
Avec mes souvenirs, je joue à cache-coeur.
Je lui avais appris dans le plus doux moment
Que j'attendais de lui l'heureux événement
Qui anoblit la femme et enorgueillit l'homme,
Car Boubou s'annonçait, pauvre petit bonhomme.
C'était un beau jeune homme, et j'étais demoiselle,
Bien que j'aie eu déjà par hasard mes jumelles
Qu'il ne connaissait pas, elles vivaient en pension,
Et ne rentraient jamais le soir à la maison.
Quelques années plus tard, par un ami commun,
Je lui ai fait savoir qu'un riche Mexicain
Me proposait l'amour au bord du Pacifique,
Ce n'était qu'un mensonge amer et pathétique.
A présent je suis seule et je n'ai plus vingt ans,
J'ai voulu voir la ville où mon amour d'antan
Avait connu le jour, je m'y suis installée,
Avec mes souvenirs épars et désolés.
Toujours la même histoire,
Toujours les aventures,
Toujours on me fait croire
Que jamais rien ne dure.
Pourquoi ?
Jamais de sentiments,
Jamais de romantisme,
Jamais de grand moment
Bouleversant de lyrisme.
Pourquoi ?
Toujours les types pressés,
Toujours des amours brèves,
Toujours au jour laissées,
Quand l'aurore se lève.
Pourquoi ?
Toujours des amours mortes,
Toujours des feux de braise,
Toujours entre deux portes,
Le coeur entre deux chaises.
Pourquoi ?
Pourquoi nous faire la cour ?
Pourquoi vouloir coucher ?
Pourquoi vouloir toujours
Jamais nous épouser ?
Pourquoi ?
Pourquoi nous faire la tête ?
Pourquoi nous semoncer ?
Pour terminer la fête,
Peut-on vous embrasser ?
D'accord ?
D'accord…
Toujours la même rengaine,
Toujours on nous délaisse,
Toujours on nous dit non,
Jamais on nous dit oui.
Pourquoi ?
Et toujours des promesses,
Et toujours des «demain»,
On n'a vraiment pas de chance,
On n'a pas l'air malin !
Aimer la vie, aimer les fleurs,
Aimer les rires et les pleurs,
Aimer le jour, aimer la nuit,
Aimer le soleil et la pluie,
Aimer l'hiver, aimer le vent,
Aimer les villes et les champs,
Aimer la mer, aimer le feu,
Aimer la terre pour être heureux.
Quand l'amour a disparu,
Quand le coeur s'en est allé,
Du côté des «Jamais, plus jamais»,
On ne peut que regretter
L'amour envolé.
Mais pour ressusciter l'amour,
Si votre coeur vide est trop lourd,
Si l'ennui menace vos jours,
Il faut aimer...
Aimer la vie, aimer les fleurs,
Aimer les rires et les pleurs,
Aimer le jour, aimer la nuit,
Aimer le soleil et la pluie,
Aimer l'hiver, aimer le vent,
Aimer les villes et les champs,
Aimer la mer, aimer le feu,
Aimer la terre pour être heureux.
Devant la joie retrouvée,
Quand le coeur s'est installé,
Du côté du grand amour,
Chaque jour est un été,
Plus bel été.
Et devant la joie retrouvée,
Devant l'été recommencé,
Devant l'amour émerveillé,
Il faut chanter...
Chanter la vie, chanter les fleurs,
Chanter les rires et les pleurs,
Chanter le jour, chanter la nuit,
Chanter le soleil et la pluie,
Chanter l'hiver, chanter le vent,
Chanter les villes et les champs,
Chanter la mer, chanter le feu,
Chanter la terre pour être heureux.
Chanter la vie, chanter les fleurs,
Chanter les rires et les pleurs,
Chanter le jour, chanter la nuit,
Chanter le soleil et la pluie,
Chanter l'hiver, chanter le vent,
Chanter les villes et les champs,
Chanter la mer, chanter le feu,
Chanter la vie, chanter les fleurs,
Chanter les rires, chanter les pleurs,
Chanter la mer, chanter le feu,
Chanter la terre pour être heureux!
Tu sais bien que je sais, pourquoi me contredire?
Tu ne sauras jamais pourquoi j'aime sourire,
Rire, rire, rire, rire...
Tu ne sauras jamais pourquoi j'aime danser,
Pourquoi j'aime passer mon temps à rêvasser...
Pour toi je ne suis rien qu'une poupée de plus,
Je me demande encore ce qui en moi t'a plu.
Tu trouves mes propos plats et incohérents,
Que je sois triste ou gaie te laisse indifférent.
Jamais,
Jamais tu ne te poses la moindre question,
Tu te moques de moi pour un oui, pour un non,
Non, non, non, non...
Tu dis aimer l'argent encore plus que toi-même,
Et moi où suis-je alors quand tu dis que tu m'aimes ?
Si tu m'aimais vraiment !
A quoi bon répéter ce que je t'ai redis,
Si tu m'aimais vraiment autant que tu le dis,
Dis, dis, dis, dis...
Quand tu m'as assez vue, soupirerais-tu en
Disant «Excuse-moi le temps c'est de l'argent»?
Mais le temps mon ami, pour moi, c'est de l'amour,
C'est rire, c'est chanter, tant que dure le jour,
C'est aimer chaque nuit que le seigneur a faite,
Le temps, c'est de l'amour, vivre, c'est une fête!
Alors,
Alors n'espère pas devenir mon amant,
Tu mens lorsque tu parles de tes sentiments,
-Ments, -ments, -ments, -ments...
Reprend ta liberté, et de fil en liaison,
Tu trouveras l'amour pour le prix d'un vison...
Et puis tu m'oublieras!
Pourquoi tout compliquer quand tout est si facile?
Ton nez s'allumera aux battements de cils,
Cils, cils, cils, «s'il»...
«S'il te plaît» d'une fille à la voix de velours
Qui prendra ton argent en te parlant d'amour...
Pardonne ma franchise et ma sincérité,
Quand au coeur, si tu veux, mettons le de côté...
Evitons les amours aux lentes agonies,
Et disons gentiment, toi et moi, c'est fini...
Nous fûmes toutes deux élevées par maman,
Qui pour nous se priva, travailla vaillament,
Elle voulait de nous faire des érudites,
Et pour cela vendit toute sa vie des frites.
Nous sommes toutes deux nées de père inconnu,
Cela ne se voit pas mais quand nous sommes nues,
Nous avons toutes deux au creux des reins, c'est fou,
Là un grain de beauté qu'il avait sur la joue!
Nous sommes deux soeurs jumelles,
Nées sous le signe des Gémeaux,
Mi fa sol la, mi ré,
Ré mi fa sol sol sol ré do.
Aimant la ritournelle,
Les calembours et les bons mots,
Mi fa sol la, mi ré,
Ré mi fa sol sol sol ré do.
Nous sommes toutes deux joyeuses et ingénues,
Attendant de l'amour ce qu'il est convenu,
D'appeler coup de foudre ou sauvage passion,
Nous sommes toutes deux prêtes à perdre raison.
Nous avons toutes deux une âme délicate,
Artistes passionnées, musicienne, acrobate,
Cherchant un homme bon, cherchant un homme beau,
Bref, un homme idéal, avec ou sans défauts.
Nous sommes deux soeurs jumelles,
Nées sous le signe des Gémeaux,
Mi fa sol la, mi ré,
Ré mi fa sol sol sol ré do.
Du plomb dans la cervelle,
De la fantaisie à gogo,
Mi fa sol la, mi ré,
Ré mi fa sol sol sol ré do.
Je n'enseignerai pas toujours l'art de l'arpège,
J'ai vécu jusqu'ici de leçons de solfège.
Mais j'en ai jusque là, la province m'ennuie,
Je veux vivre à présent de mon art à Paris.
Je n'enseignerai pas toute ma vie la danse,
A Paris, moi aussi, je tenterai ma chance,
Pourquoi passer mon temps à enseigner des pas,
Alors que j'ai envie d'aller à l'opéra ?
Nous sommes deux soeurs jumelles,
Nées sous le signe des Gémeaux,
Mi fa sol la, mi ré,
Ré mi fa sol sol sol ré do.
Deux coeurs, quatre prunelles,
A embarquer allegretto,
Mi fa sol la, mi ré,
Ré mi fa sol sol sol ré do.
Jouant du violoncelle,
De la trompette ou du banjo,
Aimant la ritournelle,
Les calembours et les bons mots,
Du plomb dans la cervelle,
De la fantaisie à gogo,
Nous sommes soeurs jumelles,
Nées sous le signe des gémeaux !