Avant qu'il ait pu dire un mot
J'ai chopé l'mec par l'pal'tôt
Et j'lui ai dis toi tu m'fous les glandes
Pi t'as rien à fout' dans mon monde
Arraches toi d'là t'es pas d'ma bande
Casses toi tu pues et marche à l'ombre
Une p'tite bourgeoise bécheuse
Maquillée comme un carré d'as
A débarqué dans mon gastos
Un peu plus tard
J'ai dis à Bob qu'étais au flip
R'luque la tronche à la poufiasse
Vise la culasse
Et les nibards
Colants léopard homologué chez SPA
Monoï et Shalimar futal en skaï comme Travolta
Qu'est-c'qu'elle viens nous frimer la tête
Non mais elle s'croit au Palace
J'peux pas saquer les starlette
Ni les blondasses
Avant qu'elle ait bu son cognac
J'l'ai chopée par le colback
Et j'lui ai dis toi tu m'fous les glandes
Pi t'as rien à fout' dans mon monde
Arraches toi d'là t'es pas d'ma bande
Casses toi tu pues et marche à l'ombre
Un p'tit rocky barjo
Le genre qui s'est gouré d'trottoir
Est v'nu jouer les Marlon Brando
Dans mon saloon
J'ai dis à Bob qu'avais fait tilt
Arrête j'ai peur c't'un blouson noir
J'veux pas d'histoires
Avec ce clown
Derrière ses pauvr'Rayban
j'vois pas ses yeux et ça m'énerve
Si ça s'trouve y'm'regarde
Faut qu'il arrête sinon je l'crève
Non mais qu'est c'que c'est qu'ce mec
Qui vient user mon comptoir
L'a qu'à r'tourner chez les Grecs
Se faire voir
Avant qu'il ait bu son Viandox
J'l'ai chopé contre l'juke-box
Et j'lui ai dis toi tu m'fous les glandes
Pi t'as rien à fout' dans mon monde
Arraches toi d'là t'es pas d'ma bande
Casses toi tu pues et marche à l'ombre
Pi j'me suis fait un punk
Qu'avait pas oublié d'êtr'moche
Pi un intellectuel en Lodden
Genre Nouvel Obs
Quand Bob a massacré l'flipper
On n'avait plus une tune en poche
J'ai réfléchi et j'me suis dit
C'est vrai que j'suis épais comme un sandwich SNCF
Et que d'main j'peux tomber sur un balèze
Qui m'casse la tête
Si ce mec-là me fait la peau et que j'crève la gueule
sur l'comptoir
Si la mort me paye l'apéro d'un air vic'lard
Avant qu'elle m'emmène voir là-haut
Si y'a du monde dans les bistrots
J'lui dirai toi tu m'fous les glandes
Pi t'as rien à fout' dans mon monde
Arraches toi d'là t'es pas d'ma bande
Casses toi tu pues et marche à l'ombre
Refrain:
Lola, j'suis qu'un fantôme, quand tu vas où j'suis pas
Tu sais ma môme, que j'suis morgane de toi
Comme j'en ai marre de m'faire tatouer des machins
Qui m'font comme une bande dessinée sur la peau
J'ai écrit ton nom avec des clous dorés un par un
Plantés dans le cuir de mon blouson dans l'dos.
T'es la seule gonzesse que j'peux t'nir dans mes bras
Sans m'démettre une épaule, sans plier sous ton poids
Tu pèses moins lourd qu'un oiseau qui mange pas
Déploie jamais tes ailes, Lolita t'envole pas.
Avec tes miches de rat qu'on dirait des noisettes
Et ta peau plus sucrée qu'un pain au chocolat
Tu risques de donner faim à un tas de p'tits mecs
Quand t'iras à l'école, si jamais t'y vas.
Refrain
Qu'ess-tu m'racontes ? tu veux un p'tit frangin ?
Tu veux qu'j't'achète un ami Pierrot
Eh ! les bébés ça s'trouve pas dans les magasins,
Et j'crois pas que ta mère voudra qu'j'lui fasse un p'tit dans
l'dos.
Ben quoi Lola on n'est pas bien ensemble ?
Tu crois pas qu'on est déjà bien assez nombreux ?
T'entends pas c'bruit, c'est le monde qui tremble
Sous les cris des enfants qui sont malheureux.
Allez viens avec moi, j't'embarque dans ma galère
Dans mon arche, y'à d'la place pour tous les marmots
Avant qu'ce monde devienne un grand cimetière
Faut profiter un peu du vent qu'on a dans l'dos
Refrain
Petit pont de bois
Mon pote est mort de froid
D'toute façon y m'gonflait
Y voulait jamais bouger,
Y savait que poser des questions un peu con, comme vous
Alors j'l'ai enterré
Pis j'suis allé danser
Avec les putes du quartier
Dans l'église ravagée
Et j'ai rien regretté
Mais alors rien du tout
Tsouin, tsouin
C'est fini
Ouais
Ah bon, bon bin ça suffa comme si,
Faisez en des chansons vous!
J'ai troqué mes Santiag
Et mon cuir un peu zone
Contre une paire de Dockside
Et un vieux ciré jaune
J'ai déserté les crasses
Qui m'disaient soit prudent
La mer c'est dégueulasse
Les poissons baisent dedans
Dès que le vent soufflera je repartiras
Dès que les vents tourneront nous nous en allerons
C'est pas l'homme qui prend la mer
C'est la mer qui prend l'homme
Moi la mer elle m'a pris
Au dépourvu tant pis
J'ai eu si mal au coeur
Sur la mer en furie
Qu'j'ai vomi mon quatre - heure
Et mon minuit aussi
J'me suis cogné partout
J'ai dormi dans des draps mouillés
Ca m'a coûté des sous
C'est d'la plaisance c'est le pied
Dès que le vent soufflera je repartiras
Dès que les vents tourneront nous nous en allerons
C'est pas l'homme qui prend la mer
C'est la mer qui prend l'homme
Mais elle prend pas la femme
Qui préfère la campagne
La mienne m'attend au port
Au bout de la jetée
L'horizon est bien mort
Dans ces yeux délavés
Assise sur une bitte
D'amarrage elle pleure
Son homme qui la quitte
La mer c'est son malheur
Dès que le vent soufflera je repartiras
Dès que les vents tourneront nous nous en allerons
C'est pas l'homme qui prend la mer
C'est la mer qui prend l'homme
Moi la mer elle m'a pris
Comme on prend un taxi
Je f'rais le tour du monde
Pour voir à chaque étape
Si tous les gars du monde
Veulent bien m'lacher la grappe
J'irais z'aux quatre vents
Foutre un peu le boxon
Jamais les océans
N'oublieront mon prénom
Dès que le vent soufflera je repartiras
Dès que les vents tourneront nous nous en allerons
C'est pas l'homme qui prend la mer
C'est la mer qui prend l'homme
Moi la mer elle m'a pris
Et mon bateau aussi
Il est fier mon navire
Il est beau mon bateau
C'est un fameux trois-mâts
Fin comme un oiseau hisse-ho
Et Tabarly Pajot
Kersauzon et Riguidel
Naviguent pas sur des cageots
Ni sur des poubelles
Dès que le vent soufflera je repartiras
Dès que les vents tourneront nous nous en allerons
C'est pas l'homme qui prend la mer
C'est la mer qui prend l'homme
Moi la mer elle m'a pris
Je m'souviens un vendredi
Ne pleure plus ma mère
Ton fils est matelot
Ne pleure plus mon père
Je vis au fil de l'eau
Regardez votre enfant
Il est parti marin
Je sais c'est pas marrant
Mais c'était mon destin
Dès que le vent soufflera je repartiras
Dès que les vents tourneront nous nous en allerons
Dès que le vent soufflera je repartiras
Dès que les vents tourneront nous nous en allerons
Dès que le vent soufflera je repartiras
Dès que les vents tourneront nous nous en allerons
Dès que le vent soufflera je repartiras
Dès que les vents tourneront nous nous en allerons
Y m'a filé une beigne
J'ai filé une torgnole
M'a filé un châtaigne
J'lui ai filé mes grolles
J'étais tranquille j'était peinard
Accoudé au comptoir
Le type est entré dans le bar
A commandé un café noir
Puis il m'a tapé sur l'épaule
Et m'a regardé d'un air drôle
T'as un blouson mec'ton
L'est pas bidon
Moi j'me les gèle sur mon scooter
Avec ça j's'rais un vrai rocker
Viens faire un tour dans la ruelle
J'te montrerai mon Opinel
Et j'te chourav'rai ton blouson
Moi j'y ai dis laisse béton
Y m'a filé une beigne
J'ai filé un marron
M'a filé une châtaigne
J'ai filé mon blouson
J'étais tranquille j'étais peinard
Je réparais ma mobylette
Le type a surgi sur l'boul'vard
Sur sa grosse moto super chouette
S'est arrêté l'long du trottoir
Et m'a regardé d'un air bête
T'as l'même blue jean que James Dean
Tu arrête ta frime
J'parie qu'c'est un vrai Levy-Strauss
Il est carrément pas craignos
Viens faire un tour derrière l'église
Histoire que je te dévalise
A grands coups de ceinturons
Moi j'y ai dis laisse béton
Y m'a filé une beigne
J'ai filé une mandalle
M'a filé une châtaigne
J'ai filé mon futal
La morale de c'te pauvr'histoire
C'est qu'quand tes tranquille et peinard
Faut pas trop traîner dans les bars
A moins d'êtr'fringué en costard
Quand à la fin d'une chanson
Tu t'retrouve à poil sans tes bottes
Faut avoir d'l'imagination
Pour trouver une chute rigolote
T'es pas né dans la rue
t'es pas né dans l'ruisseau
t'es pas un enfant perdu
pas un enfant de salaud
vu qu't'né que dans ma tête
et que tu vis dans ma peau,
j'ai construit ta planète
au fond de mon cerveau.
Pierrot
mon gosse, mon frangin,mon poteau
mon copain, tu m'tiens chaud
Pierrot
Depuis l'temps que j'te rêve
depuis le temps que j't'invente,
ne pas te voir, je crève,
mais je te sens dans mon ventre.
Le jour uù te t'ramènes,
j'arrête de boire,promis
au moins toute une semaine.
Ça s'ra dur, mais tant pis
refrain
Qu'tu sois fils de princesse
ou qu'tu sois fils de rien,
te seras fils de tendresse
tu s'ras pas orphelin.
Mais tu ne connais pas ta mère
et je la cherche en vain
je connais que la misère
d'être tout seul sur le chemin
refrain
Dans un coin de la tête
y'a déjà un trousseau:
un jean, une mobylette,
une paire de Santiago.
T'iras pas à l'école
j't'apprendrai de gros mots
on jouera au football
on ira au bistrot.
Refrain
Tu t'laveras pas les pognes
avant de venir à table,
et tu m'traiteras d'ivrogne
quand je piquerai ton cartable.
J't'apprendrai mes chansons,
tu les trouveras débiles
t'auras p't'être bien raison
mais j'aurais vexé quand de même.
Refrain
Allez, vient mon Pierrot,
tu s'ras le chef da ma bande
j'te filerai mon couteau
j't'apprendrai la truande.
Allez, viens, mon copain
j'tái trouvé une maman,
tous les trois,ça s'ra bien
Allez, viens, je t'attends.
refrain
J' peux pas dire qu'elle était vulgaire
Ou arrongante
L'était même plutôt au contraire
Elégante
Comme une tartine de confiture
Dans l' café
Comme un graffiti sur le mur
Des W.C.
J' l'ai rencontrée dans une manif'
Pacifiste
Ca castagnait sérieux avec
La police
J' m'étais fait mal en balaçant
Un pavé
J' m'étais foulé la ch'ville du bras
Le poignet
Elle était socialiste
Protestante et féministe
Un peu chiante et un peu triste
Institutrice
Croyait qu' le matin du grand soir
Allait v'nir
Croyait au grand souffle d'espoir
Sur l'av'nir
Genre de conn'ries qu' déjà quèqu' part
J'avais lues
Dans Minute ou dans un journal
Je sais plus
Elle m'a parlé d' Bernard Tapie
Enthousiaste
M'a dit qu'il avait du génie
Et d' la classe
J'ui ai dit : t'as raison, Ginette
C'est Karl Marx
En plus balèze, zn plus honnête
En plus efficace
Moi j'étais rien-du-toutiste
Anarcho-mitterandiste
J' sais même pas si ça existe
Mais ça m'excite
Pi elle m'a dit qu'elle avait des
Relations
Qu'elle était potes avec un pote
A Tonton
Qu'elle avait dîné y'a un mois
Chez Jack Lang
Que Guy Bedos avait r'pris quatr' fois
De la viande
J'ui ai dit qu' moi j' fréquentais plus
Les salons
Que j'avais connu Charles Hernu
En prison
Qu' j'avais bouffé une fois dans un
Ministère
Qu'objectivement c'était meilleur
Chez ma mère
Elle était socialiste
S' méfiait des écologistes
Détestait les communistes
Et les dentistes
J'ui ai dit : Ginette, faut plus m' parler
D' politique
On va finir par s'engueuler
C'est classique
Comment veux-tu que j' sois d'accord
Avec toi
J'ai d'jà du mal à être d'accord
Avec moi
Elle m'a dit : J' m'appelle pas Ginette
D' toutes façons
J' m'appelle Simone, si ça t' fait rien
J'ai dit : Bon
Pi faut qu' j' m'en aille, faut que j' retourne
Gare de Lyon
Avant qu'on m' vole ma mobylette
Ca s'rait con
C'est comme ça qu' ma socialiste
Qui avait si peur des voleurs
M'a largué en pleine manif
A cause d'un vélomoteur
Comment tu veux changer la vie
Si tu balises pour ton bien ?
On peut pas être à la fois
Un mouton et un mutin
On peut pas être à la fois
Et au four et au moulin
On peut pas être à la fois
Jean Dutour et Jean Moulin
Putain c'est trop con
Ce putain d' camion
Mais qu'est-ce qu'y foutait là
Putain de vie d' merde
T'as roulé dans l'herbe
Et nous, tu nous plantes là
J'espère au moins qu' là-haut
Y'a beaucoup moins d' salauds
Tu nous laisses avec les chiens
Avec les méchants les crétins
Sous un soleil qui brille moins fort et moins loin
J' voudrais m' blottir dans un coin
Avec Marius avec Romain
Pleurer avec eux jusqu'à la saint-glinglin
Putain j'ai la rage
Contre ce virage
Et contre ce jour-là
Où tu t'es vautré
Dire qu' c'était l'été
Dans ma tête y fait froid
J'espère au moins qu' là-haut
T'as acheté un vélo
Lolita a plus d' parrain
Nous on a plus notre meilleur copain
T'étais un clown mais t'étais pas un pantin
Enfoiré on t'aimait bien
Maintenant on est tous orphelins
Putain d' camion, putain d' destin, tiens ça craint
Enfoiré on t'aimait bien
Maintenant on est tous orphelins
Putain d' camion, putain d' destin, tien
Allongés sous les vagues
Le soleil dans les yeux
Loin des cris de la plage
Où s'ébattent joyeux
Des enfants dérisoires
Des crétins boutonneux
Des lecteurs de France Soir
Et des chiens dangereux
On est bien tous les deux
Si bien que peu s'en faut
Qu'un aigri malheureux
Ne nous jette un seau d'eau
Allongés sous les vagues
S'appelle ma chanson
Plus c'est con, plus ça passe
A la télévision
Il faisait du soleil
Elle faisait du vélo
Moi je l'ai vue pareille
A Marylin Garbo
Sortie d'une aquarelle
Dans sa ch'mise à carreaux
Elle était plus que belle
Je n'étais pas que beau
Elle pédalait, volage
Dans les dunes imberbes
Parfumée d'Eau Sauvage
Et ça sent pas la merde
Dévorés par les nuages
S'appelle mon poème
Plus c'est con, plus ça passe
Sur les radios F.M.
Sur ma planche de surf
Moi je fendais l'écume
Je suais comme un boeuf
Mais bon, j'avais un rhume
J'étais musclé comme un
Copain d' Marlon Brando
Qu'est pas sur la photo
Mais qu'est musclé très bien
Quand elle m'a vu si beau
Comme une pierre elle est
Tombée de son vélo
Et s'est mise à rier
Poursuivis pas les crabes
S'appelle ma ballade
Plus c'est con, plus ça passe
Dans les boîtes minables
Je lui ai dit : Mignonne
Viens me rejoindre à l'eau
Quand on y est, elle est bonne
Quel talent ! Quel culot !
Elle a mis dans la s'conde
Son string clouté Prisunic
Et a plongé dans l'onde
Et les sacs en plastique
Depuis nous nous aimons
Comme s'aiment les oiseaux
Les huitres, les poissons
Et puis les pédalos
Qu'est-ce qu'y faut pas chanter
Comme conneries affligeantes
Pour espérer entrer
Un jour au Top Cinquante
J'ai cent ans et j' suis bien content
J' suis assis sur un banc
Et je regarde les contemporains
C'est dire si j' contemple rien
J' file des coups d' canne aux passants
Des coups d' pompe aux clébards
Qui m'énervent et j' me marre
On peut rien m' dire, j' suis trop vieux
Trop fragile, trop précieux
J'ai cent ans qui dit mieux
J'ai plus d'amour, plus d' plaisir
Plus de haine, plus d' désirs
Plus rien
Mais j' suis comme le platane
Un peu d' pluie, j' suis en vie, ça m'suffit
J' suis bien
J'ai des marmots qui m' courent partout autour
Des gonzesses moins, mais ça mange pas d' pain
J' parle aux oiseaux, comme disait l'autre idiot
Et j' me d'mande où j'ai mis mon chapeau
J'ai cent ans et j' suis bien content
J'ai encore mal aux dents
Mais la souffrance c'est très rassurant
Ca n'arrive qu'aux vivants
J'attends tranquille sur mon banc
Que ce vieux monde explose
Tant il se décompose
Moi ça fait quatre vingt quinze ans
Que j' crois plus à grand chose
Il est temps que j' me repose
J'ai plus d'amour, plus d' plaisir
Plus de haine, plus d' désirs
Plus rien
Mais j' suis comme le platane
Comme ma canne, j' suis solide et ancien
J' suis bien
J' souhaite pas aux p'tits jeunes une bonne guerre
Vu qu' moi j'en ai pas eu, à part Mai 68
Mais j' me rappelle même plus en quelle année c'était
Ni qui c'est qu'avait gagné
J'ai pas cent ans, je faisais semblant
C'étaient qu' des mots, du vent
Mais j'aimerais bien les avoir demain
Même aujourd'hui j' veux bien
Pour jouir enfin du bonheur
D'avoir pu traverser
Sans me faire écraser
Cette pute de vie, ses malheurs
Ses horreurs, ses dangers
Et ses passages cloutés
Il s'appelait Hugues, il était pas moche
Pas trop con non plus, y vivait tout seul
Il avait pas la langue dans sa poche
Sinon c'est sa poche qu'aurait pué d' la gueule
L'avait en effet un problème sévère
Qui depuis tout p'tit lui causait souci
Il avait l'haleine d'un vieux camenbert
Le souffle violent d'un printemps pourri
Comme un gars qu'aurait bouffé du vautour
Roulé des galoches à un troupeau d'hyènes
Y r'foulait du goulot comme si d'puis toujours
L'avait embrassé les idées d' Le Pen
Ca schlinguait un peu comme une morgue en grève
Comme un sac poubelle longtemps oublié
Comme un poisson mort échoué sur la grève
Comme une charogne au fond d'un fossé
Chanson dégueulasse mais chanson profonde
Chanson un peu crasse comme le monde
Il aimait Julie et la Julie donc
L'aimait en retour, elle qui jamais
N'avait pu conquir le coeur de quiconque
Accepta l'amour que le Hugues offrait
La jolie Julie avait elle aussi
Un problème grave, majeur et sérieux
Qui depuis petite lui causait souci
Elle puait des pieds - d'un seul ? non, des deux
Comme quelqu'un qu'aurait marché dans la tête
A Ducon-Pauwels ou à B.H.L.
Comme quelqu'un qu'aurait taillé ses chausettes
Dans un vieux Libé aux pages culturelles
Ca schlinguait le vestiaire du Parc des Princes
Comme un chien mouillé mort depuis huit jours
Comme un barbecue dimanche en province
Comme un maillot jaune à l'arrivée du tour
Chanson dégueulasse mais chanson jolie
Chanson un peu crasse comme la vie
Tous les deux d'affairent le soir de leurs noces
A se nettoyer ratiches et arpions
Lui frotte ses dents 'vec un balai brosse
Les rince au gas-oil, mange du savon
Elle s'est enfermée dans la salle de bains
Se nettoie les pieds au fer à souder
Y verse dessus les plus doux parfums
Shalimar, Opium et Ajax W.C.
Arrivés au lit, malgré leurs efforts
L'odeur est immonde, prenante, torride
Suffocante en diable, débandante à mort
Leur premier amour risque d'être un bide
Il lui dit : Chérie, je dois t'avouer
Mon drame impossible, ma douleur secrète
Elle lui dit : T'inquiète, je l'ai deviné
Mon amour tu as bouffé mes chaussettes
Chanson dégueulasse mais chanson d'amour
Chanson un peu crasse comme l'amour
Chanson dégueulasse mais chanson d'amour
Chanson un peu crasse comme l'amour
Elle a mis sur l' mur
Au dessus du berceau
Une photo d'Arthur
Rimbaud
Avec ses cheveux en brosse
Elle trouve qu'il est beau
Dans la chambre du gosse
Bravo
Déjà les p'tits anges
Sur le papier peint
J' trouvais ça étrange
J' dis rien
Elle me font marrer
Ses idées loufoques
Depuis qu'elle est
En cloque
Elle s' réveille la nuit
Veut bouffer des fraises
Elle a des envies
Balaises
Moi, j' suis aux p'tits soins
J' me défonces en huit
Pour qu'elle manque de rien
Ma p'tite
C'est comme si j' pissais
Dans un violoncelle
Comme si j'existais
Plus pour elle
Je m' retrouve planté
Tout seul dans mon froc
Depuis qu'elle est
En cloque
Le soir elle tricote
En buvant d' la verveine
Moi j' démêle ses pelotes
De laine
Elle use les miroirs
A s' regarder dedans
A s' trouver bizarre
Tout le temps
J' lui dit qu'elle est belle
Comme un fruit trop mûr
Elle croit qu' je m' fous d'elle
C'est sûr
Faut bien dire s' qu'y est
Moi aussi j' débloque
Depuis qu'elle est
En cloque
Faut qu' j' retire mes grolles
Quand j' rentre dans la chambre
Du p'tit rossignol
Qu'elle couve
C'est qu' son p'tit bonhomme
Qu'arrive en Décembre
Elle le protège comme
Une louve
Même le chat pépère
Elle en dit du mal
Sous prétexte qu'il perd
Ses poils
Elle veut plus l' voir traîner
Autour du paddock
Depuis qu'elle est
En cloque
Quand j' promène mes mains
D' l'autre côté d' son dos
J' sens comme des coups de poings
Ca bouge
J' lui dis "t'es un jardin"
"Une fleur, un ruisseau"
Alors elle devient
Toute rouge
Parfois c' qu'y m' désole
C' qu'y fait du chagrin
Quand j' regarde son ventre
Puis l' mien
C'est qu' même si j' devenais
Pédé comme un phoque
Moi j' serai jamais
En cloque
When I have rencontred you,
You was a jeune fille au pair,
And I put a spell on you,
And you roule a pelle to me.
Together we go partout
On my mob il was super
It was friday on my mind,
It was story d'amour.
It is not because you are,
I love you because I do
C'est pas parc' que you are me qu'I am you.
You was really beautiful
In the middle of the foule.
Don't let me misunderstood,
Don't let me sinon I boude.
My loving, my marshmallow,
You are belle and I are beau
You give me all what You have
I say thank you, you are bien brave.
It is not because you are,
I love you because I do
C'est pas parc' que you are me qu'I am you.
I wanted marry with you,
And make love very beaucoup,
To have a max of children,
Just like Stone and Charden.
But one day that must arrive,
Together we disputed.
For a stupid story of fric,
We decide to divorced.
It is not because you are,
I love you because I do
C'est pas parc' que you are me qu'I am you.
You chialed comme une madeleine,
Not me, I have my dignité.
You tell me : you are a sale mec !
I tell you : poil to the bec !
That's comme ça that you thank me
To have learning you english ?
Eh ! That's not you qui m'a appris,
My grand father was rosbeef !
It is not because you are,
I love you because I do
C'est pas parc' que you are me qu'I am you.
Malgré le blouson clouté,
Sur mes épaules de v'lours.
J'aim'rais bien parfois chanter,
Autre chose que la zone.
Un genre de chanson d'amour
Pour ma p'tite amazone.
Pour celle qui tous les jours
Partage mon cassoulet.
Ma gonzesse, celle que j'suis avec.
Ma princesse, celle que j'suis son mec.
Oh oh oh
Faut dire qu'elle mérite bien,
Qu'j'y consacre une chanson.
Vu que j'suis amoureux d'elle,
Un peu comme dans les films,
Ou y a tous pleins de violons
Quand le héros y meure.
Dans les bras d'une infirmière,
Qu'est très belle et qui pleure.
Et pis elle est balancée ,
Un peu comme un Mayol,
Tu sais bien les statues,
Du jardin des Tuileries.
Qui hiver comme été
Exhibent leur guibolles,
Et se gèlent le cul
Et le reste aussi.
Ma gonzesse, celle que j'suis avec.
Ma princesse, celle que j'suis son mec.
Oh oh oh
Pis faut dire qu'elle a les yeux,
Tell'ment qui sont beaux,
On dirait bien qu'ils sont bleus,
On dirait des calots.
Parfois quand elle me regarde,
J'imagine des tas de choses,
Que je réalise plus tard
Quand on se retrouve tout seul.
Si tu dis qu'elle est moche,
Tu y manques de respect,
Je t'allonge une avoine
Ce sera pas du cinoche.
Mais si tu dis qu'elle est belle,
Comme je suis très jaloux,
Je t'éclate la cervelle
Faut rien dire du tout.
De ma gonzesse, celle que j'suis avec.
Ma princesse, celle que j'suis son mec.
Oh oh oh
J'aimerais bien un c'est jour,
Y collé un marmot,
Ouais un vrai qui chiale et tout
Et qu'a tout le temps les crocs.
Elle aussi elle aimerais ça,
Mais c'est pas possible,
Son mari y veut pas
Y dis qu'on est trop jeune.
Ma gonzesse, celle que j'suis avec.
Ma princesse, celle que j'suis son mec.
Ma gonzesse, celle que j'suis avec.
Ma princesse, celle que j'suis son mec.
Celle que j'suis avec, ma princesse.
(Renaud Séchan)
Eh Manu rentre chez toi
Y'a des larmes plein ta bière
Le bistrot va fermer
Pi tu gonfles la taulière
J'croyais qu'un mec en cuir
Ca pouvait pas chialer
J'pensais même que souffrir
Ca pouvais pas t'arriver
J'oubliais qu'tes tatouages
Et ta lame de couteau
C'est surtout un blindage
Pour ton coeur d'artichaut
Eh déconne pas Manu
Va pas t'tailler les veines
Une gonzesse de perdue
C'est dix copains qui r'viennent
On était tous maqués
Quand toi t'étais tous seul
Tu disais j'me fais chier
Et j'voudrais sauver ma gueule
T'as croisé cette nana
Qu'était faite pour personne
T'as dit elle pour moi
Ou alors y'a maldonne
T'as été un peu vite
Pour t'tatouer son prénom
A l'endroit où palpite
Ton grand coeur de grand con
Eh déconne pas Manu
C't'à moi qu'tu fais d'la peine
Une gonzesse de perdue
C'est dix copains qui r'viennent
J'vais dire on est des loups
On est fait pour vivre en bande
Mais surtout pas en couple
Ou alors pas longtemps
Nous autres ça fait un bail
Qu'on a largué nos p'tites
Toi t'es toujours en rade
Avec la tienne et tu flippes
Eh Manu vivre libre
C'est souvent vivre seul
Ca fait p't'être mal au bide
Mais c'est bon pour la gueule
Eh déconne pas Manu
Ca sert à rien la haine
Une gonzesse de perdue
C'est dix copains qui r'viennent
Elle est plus amoureuse
Manu faut qu'tu t'arraches
Elle peut pas être heureuse
Dans les bras d'un apache
Quand tu lui dis je t'aime
Si elle te d'mande du feu
Si elle a la migraine
Dès qu'elle est dans ton pieu
Dis lui qu't'es désolé
Qu't'as dû t'gourrer d'histoire
Quand tu l'as rencontrée
T'as dû t'tromper d'histoire
Eh déconne pas Manu
Va pas t'tailler les veines
Une gonzesse de perdue
C'est dix copains qui r'viennent
Eh déconne pas Manu
Va pas t'tailler les veines
Une gonzesse de perdue
C'est dix copains qui r'viennent
Eh déconne pas Manu
C't'à moi qu'tu fais d'la peine
Une gonzesse de perdue
C'est dix copains qui r'viennent
Femme du monde ou bien putain
Qui bien souvent êtes les mêmes
Femme normale, star ou boudin,
Femelles en tout genre je vous aime
Même à la dernière des connes,
Je veux dédier ces quelques vers
Issus de mon dégoût des hommes
Et de leur morale guerrière
Car aucune femme sur la planète
N' s'ra jamais plus con que son frère
Ni plus fière, ni plus malhonnête
A part peut-être Madame Thatcher
Femme je t'aime parce que
Lorsque le sport devient la guerre
Y'a pas de gonzesse ou si peu
Dans les hordes de supporters
Ces fanatiques, fous-furieux
Abreuvés de haines et de bières
Déifiant les crétins en bleu,
Insultant les salauds en vert
Y'a pas de gonzesse hooligan,
Imbécile et meurtrière
Y'en a pas même en grande Bretagne
A part bien sûr Madame Thatcher
Femme je t'aime parce que
Une bagnole entre les pognes
Tu n' deviens pas aussi con que
Ces pauvres tarés qui se cognent
Pour un phare un peu amoché
Ou pour un doigt tendu bien haut
Y'en a qui vont jusqu'à flinguer
Pour sauver leur autoradio
Le bras d'honneur de ces cons-là
Aucune femme n'est assez vulgaire
Pour l'employer à tour de bras
A part peut être Madame Thatcher
Femme je t'aime parce que
Tu vas pas mourir à la guerre
Parc' que la vue d'une arme à feu
Fait pas frissonner tes ovaires
Parc' que dans les rangs des chasseurs
Qui dégomment la tourterelle
Et occasionnellement les Beurs,
J'ai jamais vu une femelle
Pas une femme n'est assez minable
Pour astiquer un revolver
Et se sentir invulnérable
A part bien sûr Madame Thatcher
C'est pas d'un cerveau féminin
Qu'est sortie la bombe atomique
Et pas une femme n'a sur les mains
Le sang des indiens d'Amérique
Palestiniens et arméniens
Témoignent du fond de leurs tombeaux
Qu'un génocide c'est masculin
Comme un SS, un torero
Dans cette putain d'humanité
Les assassins sont tous des frères
Pas une femme pour rivaliser
A part peut être Madame Thatcher
Femme je t'aime surtout enfin
Pour ta faiblesse et pour tes yeux
Quand la force de l'homme ne tient
Que dans son flingue ou dans sa queue
Et quand viendra l'heure dernière,
L'enfer s'ra peuplé de crétins
Jouant au foot ou à la guerre,
A celui qui pisse le plus loin
Moi je me changerai en chien si je peux rester sur la Terre
Et comme réverbère quotidien
Je m'offrirai Madame Thatcher
Ah...m'asseoir sur un banc
cinq minutes avec toi
et regarder les gens
tant qu'y en a
Te parler du bon temps
qu'est mort ou qui r'viendra
en serrant dans ma main
tes p'tits doigts
Pis donner à bouffer
à des pigeons idiots
leur filer des coups d'pied
pour de faux
Et entendre ton rire
qui lézarde les murs
qui sait surtout guérir
mes blessures
Te raconter un peu
comment j'étais, mino
les bombecs fabuleux
qu'on piquait chez l'marchand
car-en-sac et Mintho
caramels à un franc
et les Mistral gagnants
Ah... marcher sous la pluie
cinq minutes avec toi
et regarder la vie
tant qu'y en a
Te raconter la Terre
en te bouffant des yeux
te parler de ta mère
un p'tit peu
Et sauter dans les flaques
pour la faire râler
bousiller nos godasses
et s'marrer
Et entendre ton rire
comme on entend la mer
s'arrêter, repartir
en arrière
Te raconter surtout
les carambars d'antan
et les coco-boërs
et les vrais roudoudous
qui nous coupaient les lèvres
et nous niquaient les dents
et les Mistral gagnants
Ah...m'asseoir sur un banc
cinq minutes avec toi
regarder le soleil
qui s'en va
Te parler du bon temps
qu'est mort et je m'en fous
te dire que les méchants
c'est pas nous
Que si moi je suis barge
ce n'est que de tes yeux
car ils ont l'avantage
d'être deux
Et entendre ton rire
s'envoler aussi haut
que s'envolent les cris
des oiseaux
Te raconter enfin
qu'il faut aimer la vie
et l'aimer même si
le temps est assassin
et emporte avec lui
les rires des enfants
et les Mistral gagnants
et les Mistral gagnants
(Renaud Séchan)
Un briquet allumé dans ton p'tit poing levé
Ton regard qui se noie dans mes yeux délavés
Un keffieh un peu louche jeté sur tes épaules
Mon prénom dans ta bouche, ma photo dans ta piaule
Tes lèvres qui murmurent ces futiles refrains
Qui rouvrent des blessures dans ton coeur et le mien
Ton sourire un peu triste, une larme en cadeau
A l'accordéoniste qui fait pleurer mes mots
Quinze ans, seize ans à peine
Garde-moi ton amour
Garde-toi de la haine
Quinze ans, seize ans, je t'aime
Comme j'aime le jour
Petite, qui se lève
Une petite main jaune au revers du zomblou
Un côté un peu zone pour crier ton dégoût
De ce monde trop vieux, trop sale et trop méchant
De ces gens silencieux, endormis et contents
Quinze ans, seize ans à peine
Garde-moi ton amour
Garde-toi de la haine
Quinze ans, seize ans, je t'aime
Comme j'aime le jour
Petite, qui se lève
Et puis ce déchirures à jamais dans ta peau
Comme autant de blessures et de coups de couteau
Cicatrices profondes pour Malik et Abdel
Pour nos frangins qui tombent, pour William et Michel
Quinze ans, seize ans à peine
Garde-moi ton amour
Garde-toi de la haine
Quinze ans, seize ans, je t'aime
Comme j'aime le jour
Petite, qui se lève
Au rez-d'-chaussée, dans mon HLM
Y'a une espèce de barbouze
Qui surveille les entrées,
Qui tire sur tout c' qui bouge,
Surtout si c'est bronzé,
Passe ses nuits dans les caves
Avec son Beretta,
Traque les mômes qui chouravent
Le pinard aux bourgeois.
Y s' recrée l'Indochine
Dans sa p'tite vie d' peigne cul.
Sa femme sort pas d' la cuisine,
Sinon y cogne dessus.
Il est tellement givré
Que même dans la Légion
Z'ont fini par le j'ter,
C'est vous dire s'il est con !
Putain c' qu'il est blême, mon HLM !
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime !
Au premier, dans mon HLM,
Y'a l' jeune cadre dynamique,
Costard en alpaga,
C'ui qu'a payé vingt briques
Son deux pièces plus loggia.
Il en a chié vingt ans
Pour en arriver là,
Maintenant il est content
Mais y parle de s' casser.
Toute façon, y peut pas,
Y lui reste à payer
Le lave vaisselle, la télé,
Et la sciure pour ses chats,
Parc' que naturellement
C' bon contribuable centriste,
Il aime pas les enfants,
C'est vous dire s'il est triste !
Putain c' qu'il est blême, mon HLM !
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime !
Au deuxième, dans mon HLM,
Y'a une bande d'allumés
Qui vivent à six ou huit
Dans soixante mètres carrés,
Y'a tout l' temps d' la musique.
Des anciens d' soixante-huit,
Y'en a un qu'est chômeur
Y'en a un qu'est instit',
Y'en a une, c'est ma soeur.
Y vivent comme ça, relax
Y'a des mat'lats par terre,
Les voisins sont furax;
Y font un boucan d'enfer,
Y payent jamais leur loyer,
Quand les huissiers déboulent
Y écrivent à Libé,
C'est vous dire s'ils sont cools !
Putain, c' qu'il est blême, mon HLM !
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime !
Au troisième, dans mon HLM;
Y'a l'espèce de connasse,
Celle qui bosse dans la pub',
L'hiver à Avoriaz,
Le mois d' juillet au Club.
Comme toutes les décolorées,
Elle a sa Mini-Cooper,
Elle allume tout l' quartier
Quand elle sort son cocker.
Aux manifs de gonzesses,
Elle est au premier rang,
Mais elle veut pas d'enfants
Parc' que ça fait vieillir,
Ca ramollit les fesses
Et pi ça fout des rides,
Elle l'a lu dans l'Express,
C'est vous dire si elle lit !
Putain c' qu'il est blême, mon HLM !
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime !
Au quatrième, dans mon HLM,
Y'a celui qu' les voisins
Appellent " le communiste ",
Même qu'ça lui plaît pas bien,
Y dit qu'il est trotskiste !
J'ai jamais bien pigé
La différence profonde,
Y pourrait m'expliquer
Mais ça prendrait des plombes.
Depuis sa pétition,
Y'a trois ans pour l' Chili,
Tout l'immeuble le soupçonne
A chaque nouveau graffiti,
N'empêche que " Mort aux cons "
Dans la cage d'escalier,
C'est moi qui l'ai marqué,
C'est vous dire si j'ai raison !
Putain c' qu'il est blême, mon HLM !
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime !
Pi y'a aussi, dans mon HLM,
Un nouveau romantique,
Un ancien combattant,
Un loubard, et un flic
Qui s' balade en survêtement
Y fait chaque jour son jogging
Avec son berger all'mand,
De la cave au parking,
C'est vachement enrichissant.
Quand j'en ai marre d' ces braves gens
J' fais un saut au huitième
Pour construire un moment
'vec ma copine Germaine,
Un monde rempli d'enfants.
Et quand l' jour se lève
On s' quitte en y croyant,
C'est vous dire si on rêve !
Putain c' qu'il est blême, mon HLM !
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime !
Ils s'embrassent au mois de Janvier,
Car une nouvelle année commence,
Mais depuis des éternités
L'a pas tell'ment changé la France.
Passent les jours et les semaines,
Y'a qu'le décor qui évolue,
La mentalité est la même :
Tous des tocards, tous des faux culs.
Ils sont pas lourds, en février,
À se souvenir de Charonne,
Des matraqueurs assermentés
Qui fignolèrent leur besogne,
La France est un pays de flics,
À tous les coins d'rue y'en a 100,
Pour faire règner l'ordre public
Ils assassinent impunément.
Quand on exécute au mois d'mars,
De l'autr' côté des Pyrénées,
Un arnachiste du Pays basque,
Pour lui apprendre à s'révolter,
Ils crient, ils pleurent et ils s'indignent
De cette immonde mise à mort,
Mais ils oublient qu'la guillotine
Chez nous aussi fonctionne encore.
Etre né sous l'signe de l'hexagone,
C'est pas c'qu'on fait d'mieux en c'moment,
Et le roi des cons, sur son trône,
J'parierai pas qu'il est all'mand.
On leur a dit, au mois d'avril,
À la télé, dans les journaux,
De pas se découvrir d'un fil,
Que l'printemps c'était pour bientôt,
Les vieux principes du seizième siècle,
Et les vieilles traditions débiles,
Ils les appliquent tous à la lettre,
Y m'font pitié ces imbéciles.
Ils se souviennent, au mois de mai,
D'un sang qui coula rouge et noir,
D'une révolution manquée
Qui faillit renverser l'Histoire,
J'me souviens surtout d'ces moutons,
Effrayés par la Liberté,
S'en allant voter par millions
Pour l'ordre et la sécurité.
Ils commémorent au mois de juin
Un débarquement d'Normandie,
Ils pensent au brave soldat ricain
Qu'est v'nu se faire tuer loin d'chez lui,
Ils oublient qu'à l'abri des bombes,
Les Francais criaient "Vive Pétain",
Qu'ils étaient bien planqués à Londres,
Qu'y'avait pas beaucoup d'Jean Moulin.
Etre né sous l'signe de l'hexagone,
C'est pas la gloire, en vérité,
Et le roi des cons, sur son trône,
Me dites pas qu'il est portugais.
Ils font la fête au mois d'juillet,
En souv'nir d'une révolution,
Qui n'a jamais éliminé
La misère et l'exploitation,
Ils s'abreuvent de bals populaires,
D'feux d'artifice et de flonflons,
Ils pensent oublier dans la bière
Qu'ils sont gourvernés comme des pions.
Au mois d'août c'est la liberté,
Après une longue année d'usine,
Ils crient : "Vive les congés payés",
Ils oublient un peu la machine,
En Espagne, en Grèce ou en France,
Ils vont polluer toutes les plages,
Et par leur unique présence,
Abimer tous les paysages.
Lorsqu'en septembre on assassine,
Un peuple et une liberté,
Au coeur de l'Amérique latine,
Ils sont pas nombreux à gueuler,
Un ambassadeur se ramène,
Bras ouverts il est accueilli,
Le fascisme c'est la gangrène
À Santiago comme à Paris.
Etre né sous l'signe de l'hexagone,
C'est vraiment pas une sinécure,
Et le roi des cons, sur son trône,
Il est francais, ça j'en suis sûr.
Finies les vendanges en octobre,
Le raisin fermente en tonneaux,
Ils sont très fiers de leurs vignobles,
Leurs "Côtes-du-Rhône" et leurs "Bordeaux",
Ils exportent le sang de la terre
Un peu partout à l'étranger,
Leur pinard et leur camenbert
C'est leur seule gloire à ces tarrés.
En Novembre, au salon d'l'auto,
Ils vont admirer par milliers
L'dernier modèle de chez Peugeot,
Qu'ils pourront jamais se payer,
La bagnole, la télé, l'tiercé,
C'est l'opium du peuple de France,
Lui supprimer c'est le tuer,
C'est une drogue à accoutumance.
En décembre c'est l'apothéose,
La grande bouffe et les p'tits cadeaux,
Ils sont toujours aussi moroses,
Mais y'a d'la joie dans les ghettos,
La Terre peut s'arrêter d'tourner,
Ils rat'ront pas leur réveillon;
Moi j'voudrais tous les voir crever,
Étouffés de dinde aux marrons.
Etre né sous l'signe de l'hexagone,
On peut pas dire qu'ca soit bandant
Si l'roi des cons perdait son trône,
Y'aurait 50 millions de prétendants.