Kent
 
Un Peu De Prevert
(K.Cokenstock/J.P. Bucolo)

Tu vois, le froid dehors
La pluie qui s'enerve
Les autos qui se dévorent
Pour un accord de rouge et de vert
Tu vois, c'est là que j'habite
Ete comme hiver
Y'a des jours qui mettent en fuite
Et des jours qui font du Prévert

Un peu de Prévert
Dans ma rue, mon univers
Un peu de Prévert
Dans mon sang, dans ma chair
Un peu de Prévert
Sur nos coeurs endoloris
Un peu de Prévert
Aux enfants d'ici
Et du paradis

Tu vois, ces gens qui rongent
Leurs peaux de chagrin
Changent les songes en mensonges
En se disant que tout ira bien
Tu vois, ce sont mes rencontres
Mais je suis sévère
Y'a des gens qui font des comptes
Et des gens qui font du Prévert

Refrain


   L'idole exemplaire

(Kent Cokenstock/ Kent Cokenstock - J. Bastello)

Petit je me prenais pour Johnny Halliday
Et ça faisait rigoler toute la galerie
Les parents, leurs amis, aux repas du dimanche
M'en reredemandaient et je m'executais
Dans ma p'tite tête germait une graine
La chansonnette, bien sûr, ça me plaisait
Mains sur la table, sage à l'école
Je trompais mon monde, je me sentais capable
Capable de voler, là-haut, vers les étoiles
Capable de nager au beau milieu des squales
Mais capable surtout de trouver la sortie
Sans mode d'emploi vers une putain de vie
D'idole exemplaire

Les collèges, les lycées et les poussées d'acnée
Mais les premiers concerts et le rêve qui dure
Et les prises de conscience de hiérarchie sociale
Des dernières libertés bombées sur les murs
Dans ma p'tite tête pousse la graine
Fuir ce bordel, bien sûr, plus que jamais
Vivre à l'air libre et sans cartable
Rire à tue-tête et se sentir capable
Capable de rallier les chanteurs d'illusions
Capable d'attaquer les vendeurs d'opinions
Mais capable surtout de trouver la sortie
Sans mode d'emploi vers une putain de vie
D'idole exemplaire

M'en a fallu du temps et tant d'incertitudes
Pour arriver jusque là debout et entier
Trier des amitiés, résilier des amours
Garder toutes mes dents et m'estimer content
Dans ma p'tite tête y'a comme une fleur
Et son parfum est hallucinogène
Elle dit "la vie est une fable"
Quand je dérive et me sens incapable
Incapable d'avoir encore de l'appétit
Incapable de voir que je suis un vernis
Mais incapable aussi de suivre à la lettre
Ce mode d'emploi pour être et paraître
Une idole exemplaire


Allons z'à la campagne

(Kent Cokenstock/ A. Méthivier)

C'est le week-end
Finie la semaine
Allons z'à la campagne
Pour nous refaire
Une santé
Rien de tel que la campagne
J'prends la glacière
Le pack de bières
Et un bon pain de campagne
Les pataugas
Les chapeaux d'paille
Et battons la campagne

Allons z'à la campagne
Et oublions Paris
Cherchons à la campagne
Le vrai sens de la vie

On a trouvé
Un joli pré
Près de la nationale
Juste à côté
Des voies ferrées
Mais loin de la centrale
Dans un p'tit bois
Après manger
On part faire une balade
Et quand bien même
On est à pied
J'te fais le coup d'la panne

refrain

Dans quelques temps
Dès qu'on pourra
Quand notre plan-épargne
Sera fini
On se paiera
Une maison d'campagne


J'aime ce pays

J'aurais préféré une chanson d'amour
Sans un mot déplacé, toute en détours
Baignée d'insouciance et sourire en fleur,
Mais j'ai comme un haut-le-cœur...

J'aime un pays qui a le PAF tout ramolli
Dans ce pays, il y avait des chanteurs pour l'Arménie
Mais il y a surtout un paquet de béni-oui-oui
Et quand ça chie, on n'est pas beaucoup dans le maquis.

J'aime un pays pour la liberté d'expression
A condition que ça puisse rapporter des ronds
Tout est permis, de Charles Pasqua à Bernard Tapie
Aussi tant pis pour ceux qui croient à tout ce qu'ils disent.

J'aurais préféré une chanson d'amour
Sans un mot déplacé, toute en détours
Baignée d'insouciance et sourire en fleur,
Mais j'ai comme un haut-le-cœur...

J'aime un pays où tout le monde a la parole
Surtout les jeunes qui aiment bien le rock n' roll
Celui qui brille, celui qui mousse et fait des bulles
Belle jeunesse, qui rit quand on l'encule.

J'aime ce pays, j'y peux rien c'est dans ma nature
Je dis tout ça pour faire le malin, ça c'est sûr
Tant pis pour moi si après ça on est en brouille
Mais mon amour, tu sauras qu'au moins j'ai les boules.

J'aime ce pays, j'y peux rien c'est dans ma nature...


J'comprends Pas
(J.L. Dabadie + J. Dutronc )

Je l'ai fait rire
C'est pas pour dire
Presque tout le temps
J'étais marrant
Toujours un croche-pied
Toujours un pied de nez
L'almanach Vermot
Est sur le piano

J'comprends pas
J'comprends pas

Et dans ma glace
Déformante
De longues larmes
Me tourmentent
J'ai mis mon faux nez
Pour le déjeuner
J'me fendais la gueule
Pourtant j'étais seul

J'comprends pas
J'comprends pas

Ce soir je pleure
Seul dans mon lit
En portefeuille

Elle adorait
Tous mes déguisements
Je déguisais
Les sentiments
Quand elle est partie
Avec un salaud
J'ai mis un poisson
D'avril dans son dos

J'comprends pas
J'comprends pas

Ce soir je pleure
Seul dans mon lit
En portefeuille


Erreur de Jeunesse

À cause d'une erreur de jeunesse
J'ai changé de toit
À vouloir m'offrir des prouesses
J'ai vexé la loi
Et on m'a mis là
Pour trois fois rien
Entre deux parias
Et un vieil assassin

Là-haut est un ciel vertical
Tranché par les barreaux
Je dors sur un lit de métal
Raide comme un crédo

Tant de papiers, de mise en scène
Au cours du procès
Si peu d'amis et tant de gêne
Mais j'ai ma fierté
Entre les défis
Et leurs conséquences
On tatoue la vie
D'indélébiles outrances

Là-haut est un ciel vertical
Tranché par les barreaux
Je dors sur un lit de métal
Raide comme un crédo
Tout mon horizon est mural
Les trous sont des photos
Mon transistor est plus vital
Qu'au naufragé un radeau

Je détestais écrire et lire
Je préférais l'action
Je détestais me souvenir
J'oubliais les noms
Mais un jour sans tes lettres
Multiplie les barreaux
Un jour sans tes lettres...

Là-haut est un ciel vertical
Tranché par les barreaux
Je dors sur un lit de métal
Raide comme un crédo
Tout mon horizon est mural
Les trous sont des photos
Mon transistor est plus vital
Qu'au naufragé un radeau
 


On fait c' qu' on peut

(Texte: Kent Cokenstock - Musique: Kent Cokenstock/ J. Bastello)

Lever matin, la salle de bain
Tient dans l' évier, tient dans la main
P'tit déjeuner, y a plus de pain
Café debout pour s' mettre en train
Dans le frimas presser le pas
Dans l' autobus se mettre en tas
C' est pas Tokyo, ni Calcutta
On fait c' qu' on peut avec c' qu' on a

Bonjour collègue, ça va la forme
Moi ça va mais faudrait que j' dorme
Sur le bureau des dossiers énormes
A classifier selon les normes
Les heures s' alignent sans éclat
Entre des chiffres et des caouas
C' est pas l' goulag, c' est pas Zola
On fait c' qu' on peut avec c' qu' on a

C' est l' heure d' la pause, ticket  resto
Chez le chinois ou chez Mario
Excusez-moi les gars, mais je suis pas du lot
J' ai un rancard dans un bistro
J' ai rendez-vous avec une fleur
Qui m' a rencontré par erreur
C' est pas Binoche, ni Basinger
On fait c' qu' on peut avec son coeur

Elle est pour moi tout un programme
Un océan de vague à l' âme
Je l' aime trop, je l' aime au drame
Tant pis si j' y laisse quelques larmes
Elle vit chez elle, je vis chez moi
Et quand on s'ra sous l' même toit
Ca n' s'ra pas l' Riz, ni le Plaza
On f'ra c' qu' on peut avec c' qu' on a

Mais faut y aller quand faut y aller
Quatre heures encore restent à tirer
Avant d' courir en faculté
Au cours du soir pour y arriver
Combler l' retard d' un mauvais choix
Cesser de s' en mordre les doigts
J' suis pas Einstein, ni l' grand Lama
On fait c' qu' on peut avec c' qu' on a

Entrée Bercaille, déjà la nuit
La solitude drague l' ennui
Le frigo manque d' appétit
J' mets la télé en signe de vie
Les chaînes s' enchaînent sans choix
Des variétés qui n' varient pas
Et puis parfois: Wenders ou Tarkovskji
Tarkovskji? Tarkovskji!
On fait c' qu' on peut avec c' qu' on vit
On fait c' qu' on peut avec c' qu' on vit


Devant le néant

(Texte: Kent Cokenstock - Musique: Kent Cokenstock)

Et puis vient un jour
Tout en velour
Un jour on est si grand
Qu' on est vide en dedans
Tout raide et sans penchant
Une antenne sous le vent
Les images d' là dedans
Brouillées de parasites
On voudrait s' écrier
Mais y a rien à crier
Les mots sont facétieux
Comme du papier maché
Il nous font une grosse tête
De carnaval en fête
La peine est une ésthète
C' est là notre défaite
On voudrait l' exprimer
L' imprimer, l' opprimer
La douleur du néant
Avec des mots blindés
Oui mais seulement voilà
Devant le néant tout fout l' camp

Alors vient un jour
La pensée comme un poids lourd
La remorque est vide
Le tracteur est sans guide
Elle en a une ride au front
Qui tient la bride
Et prépare l' homicide
Futile, à bout portant
On voudrait s' accrocher
Décrocher le turlut
Appeler l' âme soeur
Y sera nos saint lunes
Mais elle se paye d' nos têtes
Elle nous parle de branlettes
La peine est sufragette
C' est là notre défaite
On voudrait la cacher
La cracher, l' arracher
Cette peine capitale
Et la voir se noyer
Oui mais seulement voilà
Devant le néant tout fout l' camp

Enfin vient un jour
On descend de voiture
On pose le pied sur terre
Sur une route à sa pointure
Dans une autre atmosphère
Où le passé n' est plus présent
Ni l' avenir, ni le présent
On a le temps, on est tout neuf
Et on peut s' écrier
Mais on préfère se taire
C' est mieux de la fermer
Pour écouter la terre
Un jour sans le savoir
On change de mémoire
La peine va se faire voir
C' est là notre victoire
Alors on peut chanter
S' enchanter sans danger
Sans craindre la sentence
Pour délit d' insouciance
Oui mais seulement voilà
Devant le néant tout fout l' camp
 
Oui mais maintenant voilà
On le sait et ça va


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