Guy Béart

Un grand Merci à Kees Van Veen pour ces textes:
 

Dans la série "trés vieilles chansons":  


L'eau vive

Ma petite est comme l'eau,
elle est comme l'eau vive,
elle court comme un ruisseau
que des enfants pour-sui-vent.
Courez, courez vite si vous le pouvez,
jamais jamais vous ne la rattraperez.

Lorsque chantent les pipeaux,
lorsque danse l'eau vive,
elle mène mes troupeaux
au pays des olives.
Venez, venez, mes chevreaux, mes agnelets
dans le laurier, le thym et le serpolet.

Un jour que sous les roseaux
sommeillait mon eau vive,
vinrent les gars du hameau pour la mener captive.
Fermez, fermez votre cage à double clé:
entre vos doigts l'eau vive s'envolera.

Comme les petits bateaux
emportés par l'eau vive
dans ses yeux les jouvenceaux
voguent à la dérive.
Voguez, voguez, demain vous accosterez.
L'eau vive n'est pas encore à marier.

Pourtant, un matin nouveau,
à l'aube mon eau vive
viendra battre son trousseau
aux cailloux de la rive.
Pleurez, pleurez si je demeure esseulé:
le ruisselet au large s'en est allé.


Dans regrettable

Dans regrettable il y a regret,
il y a table, il y a blé.
Est-ce le nom de ceux qui n'ont
rien à se mettre dans le râble?
Dans regrettable (bis).

Dans regrettable il y a du grès
au lieu de sable desséché.
Est-ce le seau tout gorgé d'eau
baignant la soif qui nous accable?
Dans regrettable (bis).
Dans regrettable il y a été,
il y a étable, il n'y a pas lait.
Quel est le sot qui a versé
tout le lait, perte irrémédiable?
Dans regrettable (bis).

Dans regrettable, il y a râler.
Dressons la table pour bramer
à pleine voix, à pleins abois,
car nous avons tiré le diable.
Dans regrettable (bis).
 


Le fils du renard

Le renard avait un fils
qui voulait prendre un métier.

- Quel métier veux-tu, renard?
- Le métier de cantonnier.
On lui achète une pioche.
Il ne sait pas l'employer.
- Quel métier veux-tu, renard?
- Le métier de menuisier.
On lui achète une varlope.
Il ne sait pas l'employer.
Toujours le renard criait
qu'il voulait prendre un métier.

- Quel métier veux-tu, renard?
- Le métier de cordonnier.
On lui achète une alène.
Il ne sait pas l'employer.
- Quel métier veux-tu, renard?
- Le métier de serrurier.
On lui achète une serrure.
Il ne sait pas l'employer.
Toujours le renard criait
qu'il voulait prendre un métier.

- Quel métier veux-tu, renard?
- Le métier de l'horloger.
On lui achète une pendule.
Il ne sait pas l'employer.
- Quel métier veux-tu renard?
- Le métier de boulanger.
On lui achète un pétrin.
Il ne sait pas l'employer.
Toujours le renard criait
qu'il voulait prendre un métier.

- Quel métier veux-tu, renard?
- Le métier de va-nu-pieds.
On lui achète une besace.
Il ne sait pas l'employer.
- Quel métier veux-tu, renard?
- Le métier de volailler.
On lui achète une volaille.
Il sut bien la dévorer.


Mandrin

Nous étions vingt ou trente
brigands dans une bande,
tout habillés de blanc,
à la mode des - vous m'entendez? -
tout habillés de blanc
à la mode des marchands.

La première volerie
que j'ai faite en ma vie,
c'est d'avoir goupillé
la bourse d'un - vous m'entendez? -
c'est d'avoir goupillé
la bourse d'un curé.
Mandrin! (2x)

J'entrai dedans une chambre.
Mon Dieu, qu'elle était grande.
Il y avait mille écus,
je mis la main - vous m'entendez? -
il y avait mille écus,
je mis la main dessus.

Je montai dans une autre.
Mon Dieu, qu'elle était haute!
Tant robes que manteaux
j'en chargeai quat' - vous m'entendez? -
tant robes que manteaux
j'en chargeai quat'chevaux.
Mandrin! (2x)

Je les menai pour vendre
à la foire en Hollande.
J' les vendis bon marché:
ils n' m' avaient rien - vous m'entendez? -
j' les vendis bon marché:
il n'm'avaient rien coûté.

Ces messieurs de Grenoble
avec leurs grandes robes
et leurs bonnets carrés,
ils m'eurent bientôt - vous m'entendez? -
et leurs bonnets carrés,
ils m'eurent bientôt jugé.
Mandrin! (2x)
Ils me jugent à me pendre
- Dieu, que c'est dur à entendre -
me pendre et m'étrangler
sur la place du - vous m'entendez? -
me pendre et m'étrangler
sur la place du marché.

Montant sur la potence
je regarde la France.
Je vois mes compagnons
à l'ombre d'un - vous m'entendez? -
je vois mes compagnons
à l'ombre d'un buisson.
Mandrin! (2x)

Va-t'en dire à mon père,
va-t'en dire à ma mère
qu'ils ne m'attendent plus:
J'suis un enfant - vous m'entendez? -
qu'ils ne m'attendent plus:
J'suis un enfant perdu.
Mandrin!


V'là l'joli vent

Derrière chez nous y a un étang,
trois beaux canards s'y vont nageant.
Y en a deux noirs, y en a un blanc.
V'là l'bon vent, v'là l'joli vent,
v'là l'bon vent, ma mie m'appelle.
V'là l'bon vent, v'là l'joli vent,
v'là l'bon vent, ma mie m'attend.

Le fils du roi s'en va chassant
avec son grand fusil d'argent;
mire le noir et tue le blanc.
V'là l'bon vent ... (etc.)

O fils du roi, tu es méchant
d'avoir tué mon canard blanc.
Par-dessous l'aile il perd son sang.
V'là l'bon vent ... (etc.)

Par les yeux lui sort des diamants
et par le bec l'or et l'argent.
Toutes ses plumes s'envolent au vent.
V'là l'bon vent ... (etc.)

Trois dames s'en vont les ramassant.
C'est pour en faire un lit de camp
pour y coucher tous les passants.
V'là l'bon vent ... (etc.)
 


Les enfants de bourgeois

Les enfants de bourgeois jouent à, jouent à,
les enfants de bourgeois jouent à la misère.

Ils marchent déguisés en mendiants distingués:
ça coûte cher les jeans rapiécés.
Ils ont pris nos vêtements, nos bleus et nos slogans.
Leur beau linge les attend chez leurs parents.

Les enfants de bourgeois jouent à, jouent à,
les enfants de bourgeois joeuent à la vie dure.

Leurs dents ont trop souffert à cause du raison vert
que leurs parents ont mangé hier.
Ils viennent, ces chéris, sur nos tables pourries
poser leurs hauts talons de leurs théories.

Les enfants de bourgeois jouent à, jouent à,
les enfants de bourgeois jouent à l'herbe verte.

Ils vont planter leur fraise en Ardèche.en Corrèze.
Leur soeur, elle fait du tricot à l'anglaise.
Ils vont, le coeur vaillant, à la ferme dans les champs.
La terre est dure, mais ça ne dure pas longtemps.

Les enfants de bourgeois jouent à, jouent à,
les enfants de bourgeois jouent à la commune.

Ils font quelques enfants libres et nus soi-disant
qu'ils abandonnent chez le premier passant.
Ils abritent des chiens, des oiseaux, des copains,
des chats qui meurent écrasés un par un.

Les enfants de bourgeois jouent à, jouent à,
les enfants de bourgeois jouent à l'aventure.

Ils traversent les mers, les idées, les déserts.
Quand ça va mal, ils n'ont qu'à changer d'air.
Quand ils crient au secours, voici qu'ils trouvent toujours
au fond de leur poche leur ticket de retour.

A force de jouer où est, où est,
à forde de jouer, où est l'espérance?


Les enfants sur la lune

Sur la lune il y a des enfants
qui regardent la terre en rêvant.
- Croyez-vous qu' aussi loin
il y ait des humains?
- Je n'en sais rien du tout,
embrassons-nous.
Sur la lune il y a des enfants,
sur la lune ou sur Aldébaran,
qui se disent "Sommes-nous
dans ce monde les seuls fous?"
et regardent la terre
en grand mystère.
Sont-ils bleus ou verts ou de toutes les couleurs,
tous ces enfants d'ailleurs?
Sont-ils en triangle, en spirale, en carré?
Un jour, je le dirai.

Sur la lune il y a des enfants
qui regardent la terre en rêvant.
- Croyez-vous, lui dit-il,
qu'il y ait en exil
sur ce bout de croissant
un peu de sang?
L'univers, est-il plein de vivants,
fait d'atomes, de rayons ou de vent?
Je vois miraculeux
des sapins aux yeux bleus
qui vont branche contre branche
tous les dimanches.
En soucoupe, en tasse, en fusée, en cigare,
ils dansent dans le noir.
La queue des comètes chante et fait ronron
aux oiseaux d'Electron.

Sur la  lune il y a des enfants
qui s'appellent à travers le néant,
qui s'adressent dans le noir
des musiques d'espoir,
par sans fil, par couleur,
par visiteur.
Sur la lune il y a des enfants
qui regardent la terre en pleurant.
- Savez-vous qu'autrefois
y avait des gens là-bas?                            ]
Mais depuis l'grand éclair il n'y en a pas!  ]  bis


Et puisqu'en tout cas

[Refrain] Et puisqu'en tout cas on est malheureux,          ]
               autant que ce soit parce qu'on est amoureux.    ]   bis

Je ne sais pas pourquoi j'ai mal,
moi, qui n'suis pas sentimental.
Si j'avais quelqu'un à regretter au moins,
je saurais pourquoi, ce soir, j'ai du chagrin.
[Refrain]  Et puisqu'en tout cas ...

Vois-tu, si je t'avais connue,
je t'aurais trouvée, puis perdue.
J'aurais bien raison d'être alors sans espoir,
surtout si, en plus, il se met à pleuvoir.
Et puisqu'en tout cas on n'est pas content,
autant que ce soit pendant qu'il fait beau temps.
[Refrain] Et puisqu'en tout cas ...

Je voudrais aimer, je voudrais
que tout soit beau, que tout soit vrai;
et quand ce ne sera plus aussi joli,
on s'ra si malade qu'on ne boug'ra plus du lit.
Et puisqu'en tout cas on doit se quitter,
autant que ce soit encore en bonne santé.
[Refrain] Et puisqu'en tout cas ...


Feuille vole

Autrefois, les feuilles ne volaient jamais:
elles jalousaient les oiseaux qui passaient.
Elles dirent au soleil: "Vous qui êtes si fort,
donnez-nous l'audace de prendre enfin notre essor."
Une brise douce aussitôt se leva.
De sa branche une imprudente s'envola;
d'autres la suivirent dans les airs tourbillonnants.
Les feuilles dansaient heureuses, libres maintenant.
Feuille, vole, vole, danse avec le vent
dans la farandole des joyeux vivants.
Va vers la lumière comme les oiseaux,
loin de nos poussières plus haut.

Mais le vent volage s'en alla bientôt.
Les feuilles abandonnées tombaient de haut.
Quand on n'est pas un oiseau, du ciel on redescend.
Voici pourquoi les feuilles mortes tombent ensembl'.
Cette histoire vraie n'est pas vraiment morale:
tous les jours je vole vers mon idéal,
et moi, j'aime cette feuille qui voudrait voler,
car qui ne veut pas voler est déjà enterré.
Feuille, vole vole, tombe, tombe aussi.
Pauvre feuille folle, merci!


Fille d'aujourd'hui

Tout s'est passé trop tôt et trop vite:
J'étais jolie et j'étais petite,
j'ai couru trop tôt et mon corps n'était pas prêt.
Je ne pouvais plus arrêter après (bis).

[Refrain] Où vas-tu fille, fille d'aujourd'hui?
               Où t'en vas-tu?
               Vers quel vertige d'éclair et de bruit?
                - Je suis fille d'aujourd'hui,
               tout va vite et moi, je suis.

J'ai pris la mer trop tôt et trop vite.
Un homme vient, un homme vous quitte.
L'un, c'est le vautour, l'autre le chardonneret.
Qui peut le savoir? On apprend après. (bis)

[Refrain] Où vas-tu fille ...

J'ai tout dansé trop tôt et trop vite,
les rythmes doux, les rythmes de fuite.
J'ai voulu ensemble et la joie et le regret.
On ne peut plus les séparer après (bis).

Tout s'est cueilli trop tôt et trop vite,
on s'est aimé à la marguerite.
Un peu et beaucoup se poursuivent sans arrêt
à la folie et pas du tout après (bis).

[Refrain] Où vas-tu fille, fille d'aujourd'hui?
               Où t'en vas-tu?
               Vers quel vertige de brume et de bruit?
               - Je suis fille d'aujourd'hui,
               tout va vite et moi, je suis.


Les grands principes

Aujourd'hui les filles s'émancipent
et vous parlent de leurs grands principes,
puis elles font comme leur maman,
en vertu des grands sentiments.
Elle aussi avait ses phrases types
et me parlait de ses grands principes,
puis n'agissait n'importe comment,
en vertu des grands sentiments.

Elle aimait aussi vivre en équipe,
toujours en vertu des grands principes,
mais me surveillait jalousement,
en vertu des grands sentiments.
Elle allait au Louvre avec Philippe,
toujours en vertu des grands principes,
mais faisait la foire avec Armand,
en vertu des grands sentiments.

Elle me soigna pendant ma grippe,
toujours en vertu des grands principes,
puis elle me quitta bien portant,
en vertu des grands sentiments.
Elle épousa vite un autre type,
toujours en vertu des grands principes,
mais elle prit un nouvel amant,
en vertu des grands sentiments.

Il faudra qu'un beau jour je l'étripe,
toujours en vertu des grands principes,
mais que je le fasse élégamment,
en vertu des grands sentiments.
Je lui porterai quelques tulipes,
toujours en veru des grands principes,
mais je pelurerai abondamment, maman,
en vertu des grands sentiments.


Le groupe

J'étais naïf, j'allais mon chemin,
quand un ami m'a pris par la main.
Pour me sauver de moi il m'a mis
dans le groupe, groupe, groupe (bis).
J'étais content, je faisais comme eux.
On discutait tous à qui mieux mieux.
Ah, ce qu'on était heureux en groupe, groupe, groupe!
Quand un ami m'a dit: "Halte là!
Ce petit groupe n'est qu'un éclat,
n'est qu'un groupuscule qui est compris
dans un groupe, groupe, groupe (bis)
qui le contient et qui est plus grand.
Il vaudrait mieux rentrer dans le rang."
convaincu je rejoignis mon groupe, groupe, groupe.

Mais un penseur qui vint à penser,
m'apprend que nous étions dépassés
par le présent comme l'avenir.
C'est un groupe, groupe, groupe (bis)
qui se dessine à notre horizon.
Je me mets vite à son diapason.
Ah! ce qu'on sera heureux en groupe, groupe, groupe!

De mutuelle en association
et d'amicale en congrégation,
de famille en ruche l'on s'allie
entre groupes, groupes, groupes (bis),
et d'alliance en fédération,
de comité en coalition
nous serons bientôt le plus grand groupe, groupe, groupe.

Lorsqu'un ancien me dit : "Pas d'accord!
Ils sont fragiles, ces grands dinosaures.
Venez vite avec nous, vive les petits,
les petits groupes, groupes, groupes (bis).
Il est certain que les minorités
sont aujourd'hui les plus écoutés.
Essayons de faire le plus petit groupe, groupe, groupe.

Pour m'achever un barbu me clame
qu'il est temps de penser à son âme
en m'inscrivant pour le paradis.
Sacré groupe, groupe, groupe ! (bis)
Mais un Hercule me dit encore
que l'âme n'était rien sans le corps.
Ah! que c'était boin, l'exercice en groupe, groupe, groupe.

Enfin, je crus que la vérité,
c'est d'aller seul afin d'ausculter
pour le bien du monde son nombril,
loin des groupes, groupes, groupes (bis).
Sans caste, sans numéro, sans liste,
en braves indivualistes,
qu'on est fier de vivre seul sans groupe, groupe, groupe.

Mais, j'aimerais bien trouver cette fois
quelques amis qui sont comme moi
de grands solitaires garantis
anti-groupe, groupe, groupe (bis).
J'unirai ces compagnons perdus
pour la défense de l'individu.
Tiens, v'là le grand groupe des sans groupe, groupe, groupe (bis).


L'Hôtel-Dieu

Pour une femme morte dans votre hôpital,
je réclame, Dieu, votre grâce.
Si votre paradis n'est pas ornemental,
gardez-lui sa petite place.
La voix au téléphone oubliait la pitié;
alors j'ai couru dans la ville.
Elle ne bougeait plus déjà d'une moitié,
l'autre est maintenant immobile.
Bien qu'elle fût noyée à demi par la nuit,
sa parole était violence.
Elle m'a dit: "Appelle-moi ce docteur",
et lui, il a fait venir l'ambulance.

O temps cent fois présent du progrès merveilleux,
quand la vie et la mort vont vite,
où va ce chariot qui court dans l'Hôtel-Dieu,
l'hôtel où personne n'habite?
D'une main qui pleurait de l'encre sur la mort,
il fallut remplir quelques fiches.
Moi, je pris le métro, l'hôpital prit son corps,
ni lui ni elle n'était riche.
Je revins chaque fois dans les moments permis,
j'apportais quelques friandises.
Elle me grimaçait un sourire à demi,
de l'eau tombait sur sa chemise.

Elle ne bougeait plus, alors elle a pris froid:
on avait ouvert la fenêtre,
une infirmière neutre aux gestes maladroits
- en son hôtel Dieu n'est pas maître.
Ma mère embrassa, sur la main me bénit,
- et moi, je ne pouvais rien dire -
en marmonnant "Allons, c'est fini, c'est fini",
toujours dans un demi-sourire.
Cette femme a péché, cette femme a menti,
elle a pensé les choses vaines.
Elle a couru, souffert, élevé deux petits
si l'autre vie est incertaine.

Et si vous êtes là, et si vous êtes mur,
que sa course soit terminée!
On l'a mise à Pantin dans un coin près du mur.
Derrière on voit des cheminées.


Il n'y a plus d'après

Maintenant que tu vis
à l'autre bout d'Paris,
quand tu veux changer d'âge,
tu t'offres un long voyage.
Tu viens me dire bonjour
au coin d'la rue Dufour.
Tu viens me visiter
à Saint-Germain-des-Prés.

[Refrain]
Il n'y a plus d'après
à Saint-Germain-des-Prés,
plus d'après-demain, plus d'après-midi,
il n'y a qu'aujourd'hui.
Quand je te reverrai
à Saint-Germain-des-Prés,
ce n'sera plus toit,
ce n'sera plus moi:
il n'y a plus d'autrefois.

Tu  me dis "Comme tout change!",
les rues te semblent étranges.
Même les cafés crème
n'ont plus le goût qu'tu aimes.
C'est que tu es une autre,
c'est que je suis un autre.
Nous sommes étrangers
à Saint-Germain-des-Prés.

[Refrain] Il n'y a plus d'après ..

A vivre au jour le jour,
le moindre des amours
prenait dans ces ruelles
des allures éternelles.
Mais à la nuit la nuit,
c'était bientôt fini.
Voici l'éternité
de Saint-Germain-des-Prés.

[Refrain] Il n'y a plus d'après ...


J'ai mis

J'ai mis le sel sur le plafond,
j'ai mis le boef dans le missel,
j'ai mis le vin dans l'épagneul,
j'ai mis la lune en bandoulière,
j'ai mis le nez dans les hiboux,
j'ai mis ma chemise à carreaux,
car moi, je fais du rangement
avec du sentiment.
J'ai mis, j'ai mis, j'ai mis, j'ai mis,
jamais je n'ai mis à demi,
car moi, je fais du rangement
avec du sentiment.

J'ai mis le pape dans l'ascenseur,
j'ai mis Gustave à l'hôpital,
j'ai mis l'Oural dans le facteur,
j'ai mis le Havane à Cuba,
j'ai mis les radis à la porte,
j'ai mis Beethoven en musique.
Je suis pour l'organisation
avec des sensations.
J'ai mis, j'ai mis, j'ai mis, j'ai mis,
jamais je n'ai mis à demi.
Je suis pour l'organisation
avec des sensations.

J'ai mis l'amour dans l'escalier,
j'ai mis Suzanne en loterie,
j'ai mis le pied dans l'artichaut,
j'ai mis Dominique à l'index,
j'ai mis Gaston dans ma cousine,
j'ai mis Rosette à la légion.
Je suis pour la sécurité,
mais dans la volupté.
J'ai mis, j'ai mis, j'ai mis,
jamais je n'ai mis à demi.
Je suis pour la sécurité,
mais dans la volupté.

J'ai mis Moïse en dix refrains,
j'ai mis le doigt dans Pythagore,
j'ai mis Jésus en société,
j'ai mis Descartes à Monaco,
j'ai mis Jules entre parentèses,
j'ai mis la Chine à bicyclette.
Je suis pour la révolution,
mais dans la tradition.
J'ai mis, j'ai mis, j'ai mis,
jamais je n'ai mis à demi.
Je suis pour la révolution,
mais dans la tradition.

J'ai mis le Louvre en viager,
j'ai mis Nanterre en barcarolle,
j'ai mis Sophocle à Barbizon,
j'ai mis le feu à l'aubergine,
j'ai mis les tomates à l'école,
j'ai mis la choucroute en question.
J'assiste à la consommation
de la contestation.
J'ai mis, j'ai mis, j'ai mis,
jamais je n'ai mis à demi.
J'assiste à la consommation
de la contestation.

J'ai mis l'marteau dans la famille,
j'ai mis grand-mère dans le budget,
j'ai mis César dans le Larousse,
j'ai mis l'gendarme en pantalon,
j'ai mis l'service dans le pourboire,
j'ai mis les sardines au pain sec.
Je suis pour le gouvernement
dans le chambardement.
J'ai mis, j'ai mis, j'ai mis,
jamais je n'ai mis à demi.
Je suis pour le gouvernement
dans le chambardement.

J'ai mis Rembrandt à Bar-le-Duc,
j'ai mis les vaches en quarantaine,
j'ai mis le crocodile au frais,
j'ai mis Marcuse en artilleur,
j'ai mis Dufay contre le mur,
j'ai mis mon cul sur la commode.
Je suis pour l'harmonie dans l'art
par le plus grand hasard.
J'ai mis, j'ai mis, j'ai mis,
jamais je n'ai mis à demi.
Je suis pour l'harmonie dans l'art
par le plus grand hasard.


J'ai retrouvé le pont du Nord

Un soir que le vent soufflait fort
après des années d'aventures,
j'ai voulu r'voir le pont du Nord
où Adèle perdit sa ceinture
et quelque chose d'autre encore (bis).

Hélas! fallait lâcher ses ronds
pour contempler le paysage.
Sur les arches de l'ancien pont
passait une route à péage
avec couloir pour les piétons. (bis)

A la place où le liseron
grimpait jadis avec le lierre,
quand Adèle perdit son fleuron,
on a construit sur la rivière
une sorte de bal en béton (bis).

Je me suis dit: "Mon vieux, reprends
tes gros souliers. Adieu romances!
Pour toi, je crois bien qu'il est temps
d'aller apprendre d'autres danses
loin des ces ponts d'acier-ciment".(bis)
A la la ... (etc.)

Mais voilà qu'une fille me dit:
"J'attends quelqu'un qui vous ressemble
et qui un jour m'avait promis
que nous irions danser ensemble
tout près du vieux pont démoli." (bis).

Et quand sous une arche oubliée
elle m'a fait de ses deux nattes
le plus attachant des colliers,
j'ai confondu le noms, les dates,
et tous les ponts du monde entier. (bis)
A la la ... (etc.)

Nous nous sommes aimés si fort
à la belle étoile pour auberge
que là les yeux clos, sans effort,
rêvant contre ses dix-huit berges,
j'ai retrouvé le pont du Nord (bis)
et que j'y suis peut-être encore (bis).


J'erre

J'erre, j'erre, j'erre, la terre est légère
et mon corps aussi, Dieu merci!
J'erre, j'erre, j'erre, la route est légère,
et mon pied aussi, Dieu merci!
Je n'ai rien demandé à la terre et rien aux buissons.
Elle m'a donné ses fruits, ses sources et sa chanson.

J'erre, j'erre, j'erre, ma poche est légère,
et ma bouche aussi, Dieu merci!
J'erre, j'erre, j'erre, ma bouche est légère
et mon ventre aussi, Dieu merci!
Je n'ai demandé rien à l'aubergiste, à l'épicier.
Le sel et le pain me sont offerts par ton amitié.

J'erre, j'erre, j'erre, ma femme est légère
et mon coeur aussi, Dieu merci!
J'erre, j'erre, j'erre, sa robe est légère
et sa jambe aussi, Dieu merci!
Je n'ai demandé rien d'éternel à mon jeune amour
et c'est bien pour ça peut-être qu'il durera toujours.

J'erre, j'erre, j'erre, ma joie est légère
et ma peine aussi, Dieu merci!
J'erre, j'erre, j'erre, ma nuit est légère
et mon rêve aussi, Dieu merci!
Je n'ai demandé rien à l'étoile du firmament,
mais de temps en temps Dieu m'interpelle amicalement.

J'erre, j'erre, j'erre, ma vie est légère
et ma mort aussi, Dieu merci!
J'erre, j'erre, j'erre, ma vie est légère
et ma mort aussi, Dieu merci!


Laura

[Refrain]
Laura, Laura, lequel de nous deux l'aura?
Laura, Laura, Laura l'aura pas.

On l'a jouée aux billes
aux tout premiers temps.
Elle était p'tite fille,
nous étions enfants.
Nous étions quatre près d'elle,
nous étions quatre séduits,
comme autour d'une chandelle
des oiseaux de nuit.

[Refrain] Laura ...

On l'a jouée aux dames
sur un grand damier,
on l'a jouée au drame
sur un grand larmier.
La maligne n'avait cure
de nous partager sa peau
et ses joues de pommes mûre
en quatre morceaux.

[Refrain] Laura ...

On a joué la belle aux jeux du hasard.
"L'amour, nous dit-elle,
c'est colin-maillard.
Je vais fermer les paupières,
l'un de vous m'embrassera.
Je me donne à qui me serre
le premier dans ses bras."

[Refrain] Laura ...

La dernière manche
fut un sacré coup.
Elle a joué des hanches,
elle a mis les bouts
avec un cinquième compère
nous laissant tous quatre en plan,
quatre quilles solitaires,
puisque maintenant
Laura, Laura, aucun de nous l'aura.
Laura, Laura, Laura l'aura pas.


Le Messie

Que chacun donne sa lumière,
lumière de jour ou de nuit,
chandelle douce des chaumières,
hauts-fourneaux dans la suie.
Enfants messagers d'étincelles,
- mais si! mais si! -
langues de feu des jouvencelles:
chaque homme ici est le messie!

Et chaque femme et chaque mère,
au ventre plat ou arrondi,
c'est sûr et certain qu'elle espère
de porter le messie.
Non seulement les saints, les saintes
- mais si! mais si! -
chaque femme, vierge ou enceinte,
elle aussi est le messie!

C'est Bouddha qui revient sur terre,
Moïse et Mahomet aussi.
Jésus a mis sa robe claire.
Le vois-tu? Le voici!
Pythagore est en salopette,
- mais si! mais si! -
Descartes roule à bicyclette.
Ils sont rapides, ces messies!

Trois milliards au moins de prohètes,
ça peut vous paraître inouï.
Pour le combat et pour la fête
nous voilà réjouis
d'abord d'Amérique latine,
- mais si! mais si! -
comme autrefois de Palestine
quand n'est venu qu'un seul Messie.

J'ai crié au secours dans l'ombre.
Tout le monde a dit: "Me voici!"
Des villes-déserts, des décombres tout le monde est sorti.
Ils sont noirs, blancs, jaunes
et rouges, métis aussi.
Sur mon appel la terre bouge,
la Terre entière est le Messie.
Mais si!


A Amsterdam

A Amsterdam, il y a Dieu, il y a les dames.
J'ai vu les dames de mes yeux, j'ai pas vu Dieu à Amsterdam.

A Amsterdam, il y a les eaux, il y a les âmes.
J'ai vu les eaux dans les canaux, j'ai pas vu d'âme à Amsterdam.

A Amsterdam y a des vélos et y a des trams
et des bateaux qui font font l'amour au carrefour à Amsterdam.

[Refrain]  Il y a Dieu, il y a les dames.
                J'ai vu les dames, où donc est Dieu?

A Amsterdam, il y a Dieu, il y a les dames.
J'ai vu les dames de mes yeux, j'ai pas vu Dieu à Amsterdam.

A Amsterdam y a des florins avec des diams
et tout s'achète et tout se vend, même le vent, à Amsterdam.

A Amsterdam, il y a Van Gogh, il y a Van Dam.
Les chimpanzés sont exposés dans les musées à Amsterdam.

[Refrain] Il y a Dieu ...

A Amsterdam la Chine, l'Afrique et l'Islam
sont réunis et toutes les races enfin s'embrassent à Amsterdam.

A Amsterdam les fourmis, les hippopotames
sont assemblés dans un baiser plutôt osé à Amsterdam.

A Amsterdam j'ai cherché le Dieu d'Abraham.
Jésus, est-il ce jeune bonze qui se bronze à Amsterdam?

[Refrain] Il y a Dieu ...

A Amsterdam, il y a Dieu, il y a les dames.
J'ai vu les dames de mes yeux, j'ai pas vu Dieu à Amsterdam.

A Amsterdam, voici des pigeons qui s'enflamment
devant les belles qui ruminent dans les vitrines à Amsterdam.

A Amsterdam, dans les saunas, dans les hammams
Marcuse transmet son message dans les massages à Amsterdam.

[Refrain] Il y a Dieu ...

A Amsterdam y a du haschich par kilogrammes.
Ma bien-aimée dans la fumée fut embaumée à Amsterdam.

A Amsterdam j'ai vu soudain monter mon âme
par le p'tit trou qu'un vieux couteau m'a fait dans l'dos, à Amsterdam.

A Amsterdam, il y a Dieu, il y a les dames.                              )
J'ai vu les dames de mes yeux, j'ai pas vu Dieu à Amsterdam.   )  bis


L'agent double

Je l'ai déniché dans un bar (bis).
Il était tard et j'étais noir (bis).
Je l'ai vu double.
Pas étonnant puisque c'était un agent double, double.

L'était tout petit et pas gaillard (bis).
Il buvait peu, mais pas des quarts (bis),
des whiskies doubles.
Pas étonnant puisque c'était un agent double, double.

Tranquillement, sans bruit, sans fard (bis),
il sortait des liasses de dollars (bis)
et quelques roubles.
Pas étonnant puisque c'était un agent double, double.

Son visage n'était pas marqué (bis),
mais l'oeil gauche à l'oeil droit disait: (bis)
je te vois trouble.
Pas étonnant puisque c'était un agent double, double.

Ceux qu'hier il avait doublés (bis),
d'un coup, d'un seul l'ont poignardé (bis)
dans le gras double.
Pas étonnant puisque c'était un agent double, double.

On l'a couché sur le billard (bis).
L'avait en plus du coup de poignard (bis)
pneumonie double.
Pas étonnant puisque c'était un agent double, double.

"Grand Saint-Pierre, laissez-moi entrer (bis),
puisque le Dieu tout-puissant est (bis)
lui-même triple.
Pas étonnant, et moi je n'étais qu'un agent double, double".


L'âne
Sur tes pattes, je dévale
les sentiers dès le matin.
Bougre d'âne, je suis âne,
nous ne formons qu'un,
car je trime dès l'aurore
et te fais trimer encore
au lieu de me prélasser
à l'ombre d'un figuier.
Bougre qui m'tiens compagnie,
dans les sentiers de la vie
je m'demande ...
si je vais à quatre pattes
et toi sur mes sabots, mon âne.
Bougre, bougre de veinard?
La la la ... (etc.)

Quand tu bouges les oreilles,
l'abeille qui te surveille
s'envole de toi
et vient se poser sur mon nez.
J'vois bien qu'elle m'prend pour ton frère.
C'est pas ça qui m'désespère,
mais de ne pas avoir les oreilles
longues comme toi.
Bougre qui m'tiens compagnie,
sous le soleil de midi
je m'demande ...
si l'abeille t'aime ou bien
si elle m'préfère à toi, mon âne.
Bougre, bougre de veinard!
La la la ... (etc.)

Quand tu chantes, quand tu clames
l'amour, la fin de ton âme,
la montagne entière chante aussi hi han hi han.
Ta voix n'est pas délectable,
mais nous mangeons à la même table,
et nos ventres creux résonnent de la même façon.
Bougre qui m'tiens compagnie,
sous les étoiles de la nuit
je m'demande ...
si la course au paradis
sera gagnée par toi ou moi,
ou nous à la fois, mon âne.
Bougre, bougre de veinard!
La la la ... (etc.)


L'autoroute en bois

Sur une autoroute en bois (bis)
trois fillettes allaient au pas (bis).
Elles autostoppèrent une grosse voiture de roi.
Celui qui était dedans (bis)
leur sourit à belles dents (bis).
Elles étaient toutes jeunes, et lui était chargé d'ans.
Légères et court vêtues (bis)
elles grimpèrent dans le bahut (bis).
Sans peur, trois petites bergères
revenaient seules d'un bal perdu.

L'homme roulait comme un fou (bis).
Elles lui chantèrent tout doux (bis)
un refrain d'enfants qui parlaient de nuit, de forêts, de loups.
Soudain l'une d'elles lui dit: (bis)
"Je me sens tout étourdie (bis).
Sortons de cette autoroute par ce panneau interdit."
Et voici, dans les buissons (bis)
soudain mourut leur chanson (bis)
dans la nuit de lune pleine qui vous donne le frisson.

Tandisque l'homme veillait (bis),
l'une lui fit un croche-pied (bis),
la deuxième un coup de pierre,
la troisième l'attrapait.
Loin de l'autoroute en bois (bis)
elles vous le mirent en croix (bis).
Tandis qu'il criait de crainte, les filles criaient de joie.
Et puis lente lentement (bis)
elles ôtent ses vêtements (bis).
Voici le temps implacable des tour-, des tour-, des tourments (bis).

L'une frôle ses cheveux (bis),
l'autre ses lèvres en feu (bis),
la troisième alors s'acharne sur son ventre si soyeux.
Et sur le loup sans défense (bis)
ce fut le diable et sa danse (bis)
et la noce de ces gosses qui pour un soir se fiancent.
Quand le rythme va croissant (bis)
et quand le lait devient sang (bis),
vous raconter tout, Mesdames, ce serait embarrassant.

Et puis au petit matin (bis),
dans la rosée et le thym (bis),
il tomba tête première sur une herbe de satin.
Alors, repues et légères, (bis)
les petites fées s'en allèrent (bis)
par les sentiers de l'enfance
en chantant "Il pleut bergère".
Et la morale après tout (bis),
c'est que les grands méchants loups (bis)
doivent craindre les bergères:      ]
y a plus de principes chez nous!  ]   bis


Chandernagor

Elle avait, elle avait un Chandernagor de classe,
elle avait, elle avait un Chandernagor râblé.
Pour moi seul, pour moi seul elle découvrait ses cachemires,
ses jardins, ses beaux quartiers, enfin son Chandernagor.
Pas question dans ces conditions
d'abandonner les comptoirs de l'Inde.

Elle avait, elle avait deux Yanaon de cocagne,
elle avait, elle avait dux Yanaon ronds et frais.
Et moi seul m'aventurais dans sa brousse,
ses vallées, ses vallons, ses collines de Yanaon.
Pas question dans ces conditions
d'abandonner les comptoirs de l'Inde.

Elle avait, elle avait le Karikal difficile,
elle avait, elle avait le Karikal mal luné,
mais la nuit j'atteignais son nirvana à heure fixe,
et cela en dépit de son fichu Karikal.
Pas question dans ces conditions
d'abandonner les comptoirs de l'Inde.

Elle avait, elle avait un petit Mahé fragile,
elle avait, elle avait un petit Mahé secret,
mais je dus à la mousson éteindre mes feux de Bengale
m'arracher, m'arracher aux délices de Mahé.
Pas questions dans ces conditions
de faire long feu dans les Comptoirs de l'Inde.

Elle avait, elle avait le Pondichéry facile,
elle avait, elle avait le Pondichéry accueillant.
Aussitôt, aussitôt c'est à un nouveau touriste
qu'elle fit voir son comptoir, sa flore, sa géographie.
Pas question dans ces conditions
de revoir un jour les Comptoirs de l'Inde.


La dame au p'tit chien

La dame au p'tit chien
est revenue, est revenue,
la dame au p''tit chien
est revenue de très loin.

Dans mon p'tit chez moi
elle a dit "oh", elle a dit "ah".
Dans mon p'tit chez moi
son p'tit chien a dit "ouah, ouah".

"Me veux-tu encore?"
lui ai-je fait, lui ai-je fait.
"Me veux-tu encore
avec ce charmant trésor?"

"Très cher", me dit-elle,
"c'était l'passé."
"Très cher", me dit-elle,
"je pars pour les Dardanelles."

La voici r'partie
avec son chien, avec son chien,
la voici partie.
Moi, solitaire, depuis ...

je pleure nuit et jour,
je pousse des cris, je pousse des cris,
je pleure nuit et jour.
Peut-être est-ce de l'amour ...

de l'amour pour son chien,
qui était gentil, qui était gentil,
de l'amour pour son chien,
qui était gentil tout plein.
Ouah!


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