Georges Brassens

A la demande générale, je vais vous chant... essayer de faire figurer le plus de textes possible
de ce grand maître du verbe.
Pour ceux qui ne peuvent pas attendre, l'intégrale est disponible chez Alain-Pierre ( voir les liens ).
 

Vers la page II

Embrasse-les tous

Tu n'es pas de cell's qui meur'nt où ell's s'attachent,
Tu frottes ta joue à toutes les moustaches,
Faut s'lever de bon matin pour voir un ingénu
Qui n't'ait pas connu',
Entré' libre à n'importe qui dans ta ronde,
Coeur d'artichaut, tu donne' un' feuille à tout l'monde,
Jamais, de mémoire d'homm', moulin n'avait été
Autant fréquenté.

Refrain
De Pierre à Paul, en passant par Jule' et Félicien,
Embrasse-les tous,
Dieu reconnaîtra le sien !
Passe-les tous par tes armes,
Passe-les tous par tes charmes,
Jusqu'à c'que l'un d'eux, les bras en croix,
Tourne de l'oeil dans tes bras,
Des grands aux p'tits en allant jusqu'aux Lilliputiens,
Embrasse-les tous,
Dieu reconnaîtra le sien !
Jusqu'à ce qu'amour s'ensuive,
Qu'à son coeur une plai' vive,
Le plus touché d'entre nous
Demande grâce à genoux.

En attendant le baiser qui fera mouche,
Le baiser qu'on garde pour la bonne bouche,
En attendant de trouver, parmi tous ces galants,
Le vrai merle blanc,
En attendant qu'le p'tit bonheur ne t'apporte
Celui derrièr' qui tu condamn'ras ta porte
En marquant dessus « Fermé jusqu'à la fin des jours
Pour cause d'amour »...

De Pierre à Paul, en passant par Jule' et Félicien,
Embrasse-les tous,
Dieu reconnaîtra le sien !
Passe-les tous par tes armes,
Passe-les tous par tes charmes,
Jusqu'à c'que l'un d'eux, les bras en croix,
Tourne de l'oeil dans tes bras,
Des grands aux p'tits en allant jusqu'aux Lilliputiens,
Embrasse-les tous,
Dieu reconnaîtra le sien !

Alors toutes tes fredaines,
Guilledous et prétentaines,
Tes écarts, tes grands écarts,
Te seront pardonnés, car
Les fill's quand ça dit « Je t'aime »,
C'est comme un second baptême,
Ça leur donne un coeur tout neuf,
Comme au sortir de son oeuf.


La non-demande en mariage
Ma mi', de grâce, ne mettons
Pas sous la gorge à Cupidon
Sa propre flèche,
Tant d'amoureux l'ont essayé
Qui, de leur bonheur, ont payé
Ce sacrilège...

Refrain
J'ai l'honneur de
Ne pas te demander ta main,
Ne gravons pas
Nos noms au bas
D'un parchemin.

Laissons le champs libre au oiseaux,
Nous seront tous les deux priso-
nniers sur parole,
Au diable, les maîtresses queux
Qui attachent les coeurs aux queu's
Des casseroles !
(au refrain)

Vénus se fait vielle souvent
Elle perd son latin devant
La lèchefrite
A aucun prix, moi je ne veux
Effeuiller dans le pot-au-feu
La marguerite.
(au refrain)

On leur ôte bien des attraits,
En dévoilant trop les secrets
De Mélusine.
L'encre des billets doux pâlit
Vite entre les feuillets des li-
vres de cuisine.
(au refrain)

Il peut sembler de tout repos
De mettre à l'ombre, au fond d'un pot
De confiture,
La joli' pomme défendu',
Mais elle est cuite, elle a perdu
Son goût " nature ".
(au refrain)

De servante n'ai pas besoin,
Et du ménage et de ses soins
Je t'en dispense...
Qu'en éternelle fiancée,
A la dame de mes pensée'
Toujours je pense...
(au refrain)
 


Le fantôme
C'était tremblant, c'était troublant,
C'était vêtu d'un drap tout blanc,
Ça présentait tous les symptômes,
Tous les dehors de la vision,
Les faux airs de l'apparition,
En un mot, c'était un fantôme !

A sa manière d'avancer,
A sa façon de balancer
Les hanches quelque peu convexes,
Je compris que j'avais affaire
A quelqu'un du genr' que j' prefère :
A un fantôme du beau sexe.

« Je suis un p'tit poucet perdu,
Me dit-ell', d'un' voix morfondu',
Un pauvre fantôme en déroute.
Plus de trace des feux follets,
Plus de trace des osselets
Dont j'avais jalonné ma route ! »

« Des poèt's sans inspiration
Auront pris -- quelle aberration ! --
Mes feux follets pour des étoiles.
De pauvres chiens de commissaire
Auront croqué -- quelle misère ! --
Mes oss'lets bien garnis de moelle. »

« A l'heure où le coq chantera,
J'aurai bonn' mine avec mon drap
Hein de faux plis et de coutures !
Et dans ce siècle profane où
Les gens ne croient plus guère à nous,
On va crier à l'imposture. »

Moi, qu'un chat perdu fait pleurer,
Pensez si j'eus le coeur serré
Devant l'embarras du fantôme.
« Venez, dis-je en prenant sa main,
Que je vous montre le chemin,
Que je vous reconduise at home »

L'histoire finirait ici,
Mais la brise, et je l'en r'merci',
Troussa le drap d'ma cavalière...
Dame, il manquait quelques oss'lets,
Mais le reste, loin d'être laid,
Était d'un' grâce singulière.

Mon Cupidon, qui avait la
Flèche facile en ce temps-là,
Fit mouche et, le feu sur les tempes,
Je conviai, sournoisement,
La belle à venir un moment
Voir mes icônes, mes estampes...

« Mon cher, dit-ell', vous êtes fou !
J'ai deux mille ans de plus que vous... »
-- Le temps, madam', que nous importe ! --
Mettant le fantôm' sous mon bras,
Bien enveloppé dans son drap,
Vers mes pénates je l'emporte !

Eh bien, messieurs, qu'on se le dis':
Ces belles dames de jadis
Sont de satané's polissonnes,
Plus expertes dans le déduit
Que certain's dames d'aujourd'hui,
Et je ne veux nommer personne !

Au p'tit jour on m'a réveillé,
On secouait mon oreiller
Avec un' fougu' plein' de promesses.
Mais, foin des dédic's de Capoue !
C'était mon père criant : « Debout !
Vains dieux, tu vas manquer la messe ! »
 


La fessée
La veuve et l'orphelin, quoi de plus émouvant ?
Un vieux copain d'école étant mort sans enfants,
Abandonnant au monde une épouse épatante,
J'allai rendre visite à la désespérée.
Et puis, ne sachant plus où finir ma soirée,
Je lui tins compagni' dans la chapelle ardente.

Pour endiguer ses pleurs, pour apaiser ses maux,
Je me mis à blaguer, à sortir des bons mots,
Tous les moyens sont bons au médecin de l'âme...
Bientôt, par la vertu de quelques facéties,
La veuve se tenait les côtes, Dieu merci !
Ainsi que des bossus, tous deux nous rigolâmes.

Ma pipe dépassait un peu de mon veston.
Aimable, elle m'encouragea : « Bourrez-la donc,
Qu'aucun impératif moral ne vous arrête,
Si mon pauvre mari détestait le tabac,
Maintenant la fumé' ne le dérange pas !
Mais où diantre ai-je mis mon porte-cigarettes ? »

A minuit, d'une voix douce de séraphin,
Elle me demanda si je n'avais pas faim.
« Ça le ferait-il revenir, ajouta-t-elle,
De pousser la piété jusqu'à l'inanition :
Que diriez-vous d'une frugale collation ? »
Et nous fîmes un petit souper aux chandelles.

« Regardez s'il est beau ! Dirait-on point qu'il dort '.
Ce n'est certes pas lui qui me donnerait tort
De noyer mon chagrin dans un flot de champagne. »
Quand nous eûmes vidé le deuxième magnum,
La veuve était ému', nom d'un petit bonhomm' !
Et son esprit se mit à battre la campagne...

« Mon Dieu, ce que c'est tout de même que de nous ! »
Soupira-t-elle, en s'asseyant sur mes genoux.
Et puis, ayant collé sa lèvre sur ma lèvre,
« Me voilà rassuré', fit-elle, j'avais peur
Que, sous votre moustache en tablier d' sapeur,
Vous ne cachiez coquettement un bec-de-lièvre... »

Un tablier d' sapeur, ma moustache, pensez !
Cette comparaison méritait la fessée.
Retroussant l'insolente avec nulle tendresse,
Conscient d'accomplir, somme toute, un devoir,
Mais en fermant les yeux pour ne pas trop en voir,
Paf ! j'abattis sur elle une main vengeresse !

« Aï' ! vous m'avez fêlé le postérieur en deux ! »
Se plaignit-elle, et je baissai le front, piteux,
Craignant avoir frappé de façon trop brutale.
Mais j'appris, par la suite, et j'en fus bien content,
Que cet état de chos's durait depuis longtemps :
Menteuse ! la fêlure était congénitale.

Quand je levai la main pour la deuxième fois,
Le coeur n'y était plus, j'avais perdu la foi,
Surtout qu'elle s'était enquise, la bougresse :
« Avez-vous remarqué que j'avais un beau cul ?
Et ma main vengeresse est retombé', vaincu'!
Et le troisième coup ne fut qu'une caresse...
 


Le gorille
C'est à travers de larges grilles,
Que les femelles du canton,
Contemplaient un puissant gorille,
Sans souci du qu'en-dira-t-on ;
Avec impudeur, ces commères
Lorgnaient même un endroit précis
Que, rigoureusement ma mère
M'a défendu d'nommer ici...
Gare au gorille !...

Tout à coup, la prison bien close,
Où vivait le bel animal,
S'ouvre on n'sait pourquoi (je suppose
Qu'on avait du la fermer mal) ;
Le singe, en sortant de sa cage
Dit " c'est aujourd'hui que j'le perds ! "

Il parlait de son pucelage,
Vous avez deviné, j'espère !
Gare au gorille !...

L'patron de la ménagerie
Criait, éperdu : " Nom de nom !
C'est assommant car le gorille
N'a jamais connu de guenon ! "
Dès que la féminine engeance
Sut que le singe était puceau,
Au lieu de profiter de la chance
Elle fit feu des deux fuseaux !
Gare au gorille !...

Celles là même qui, naguère,
Le couvaient d'un oeil décidé,
Fuirent, prouvant qu'ell's n'avaient guère
De la suite dans les idées ;
D'autant plus vaine était leur crainte,
Que le gorille est un luron
Supérieur à l'homme dans l'étreinte,
Bien des femmes vous le diront !
Gare au gorille !...

Tout le monde se précipite
Hors d'atteinte du singe en rut,
Sauf une vielle décrépite
Et un jeune juge en bois brut ;
Voyant que toutes se dérobent,
Le quadrumane accéléra
Son dandinement vers les robes
De la vieille et du magistrat !
Gare au gorille !...

" Bah ! soupirait la centenaire,
Qu'on puisse encore me désirer,
Ce serait extraordinaire,
Et, pour tout dire, inespéré ! " ;

Le juge pensait, impassible,
" Qu'on me prenne pour une guenon,
C'est complètement impossible... "
La suite lui prouva que non !
Gare au gorille !...

Supposez que l'un de vous puisse être,
Comme le singe, obligé de
Violer un juge ou une ancêtre,
Lequel choisirait-il des deux ?
Qu'une alternative pareille,
Un de ces quatres jours, m'échoie,
C'est, j'en suis convaincu, la vieille
Qui sera l'objet de mon choix !
Gare au gorille !...

Mais, par malheur, si le gorille
Aux jeux de l'amour vaut son prix,
On sait qu'en revanche il ne brille
Ni par le goût, ni par l'esprit.
Lors, au lieu d'opter pour la vieille,
Comme aurait fait n'importe qui,
Il saisit le juge à l'oreille
Et l'entraîna dans un maquis !
Gare au gorille !...

La suite serait délectable,
Malheureusement, je ne peux
Pas la dire, et c'est regrettable,
Ca nous aurait fait rire un peu ;
Car le juge, au moment suprême,
Criait : " Maman ! ", pleurait beaucoup,

Comme l'homme auquel, le jour même,
Il avait fait trancher le cou.
Gare au gorille !...
 


J'ai rendez-vous avec vous
Monseigneur l'astre solaire,
Comme je n' l'admir' pas beaucoup,
M'enlèv' son feu, oui mais, d'son feu, moi j'm'en fous,

J'ai rendez-vous avec vous !
La lumièr' que je préfère,
C'est cell' de vos yeux jaloux,
Tout le restant m'indiffère,
J'ai rendez-vous avec vous !

Monsieur mon propriétaire,
Comm' je lui dévaste tout,
M'chass' de son toit, oui mais, d'son toit, moi j'm'en fous,
J'ai rendez-vous avec vous !
La demeure que je préfère,
C'est votre robe à froufrous,
Tout le restant m'indiffère,
J'ai rendez-vous avec vous !

Madame ma gargotière,
Comm' je lui dois trop de sous,
M'chass' de sa table, oui mais, d'sa tabl', moi j'm'en fous,
J'ai rendez-vous avec vous,
Le menu que je préfère,
C'est la chair de votre cou,
Tout le restant m'indiffère,
J'ai rendez-vous avec vous !

Sa Majesté financière,
Comm' je n'fais rien à son goût,
Garde son or, or, de son or, moi j'm'en fous,
J'ai rendez-vous avec vous !
La fortune, que je préfère,
C'est votre coeur d'amadou,
Tout le restant m'indiffère,
J'ai rendez-vous avec vous !
 


Je suis un voyou
Ci-gît au fond de mon coeur une histoire ancienne,
Un fantôme, un souvenir d'une que j'aimais...
Le temps, à grands coups de faux, peut faire des siennes,
Mon bel amour dure encore, et c'est à jamais...

J'ai perdu la tramontane
En trouvant Margot,
Princesse vêtu' de laine,
Déesse en sabots...
Si les fleurs, le long des routes,
S'mettaient à marcher,
C'est à la Margot, sans doute,
Qu'ell's feraient songer...
J'lui ai dit: "De la Madone,
Tu es le portrait !"
Le Bon Dieu me le pardonne,
C'était un peu vrai...
Qu'il me pardonne ou non,
D'ailleurs, je m'en fous,
J'ai déjà mon âme en peine :
Je suis un voyou.

La mignonne allait aux vêpres
Se mettre à genoux,
Alors j'ai mordu ses lèvres
Pour savoir leur goût...
Ell' m'a dit, d'un ton sévère:
"Qu'est-ce que tu fais là ?"
Mais elle m'a laissé faire,
Les fill's, c'est comm' ça...
J'lui ai dit: "Par la Madone,
Reste auprès de moi ! »
Le Bon Dieu me le pardonne,
Mais chacun pour soi...
Qu'il me pardonne ou non,
D'ailleurs, je m'en fous,
J'ai déjà mon âme en peine :
Je suis un voyou.

C'était une fille sage,
A "bouch', que veux-tu ?"
J'ai croqué dans son corsage
Les fruits défendus...
Ell' m'a dit d'un ton sévère :
"Qu'est-ce que tu fais là ?"
Mais elle m'a laissé faire,
Les fill's, c'est comm' ça...
Puis, j'ai déchiré sa robe,
Sans l'avoir voulu...
Le Bon Dieu me le pardonne,
Je n'y tenais plus !
Qu'il me pardonne ou non,
D'ailleurs, je m'en fous,
J'ai déjà mon âme en peine :
Je suis un voyou.

J'ai perdu la tramontane
En perdant Margot,
Qui épousa, contre son âme,
Un triste bigot...
Elle doit avoir à l'heure,
A l'heure qu'il est,
Deux ou trois marmots qui pleurent
Pour avoir leur lait...
Et, moi, j'ai tété leur mère
Longtemps avant eux...
Le Bon Dieu me le pardonne,
J'étais amoureux !
Qu'il me pardonne ou non,
D'ailleurs, je m'en fous,
J'ai déjà mon âme en peine :
Je suis un voyou.
 


P... de toi
En ce temps-là, je vivais dans la lune
Les bonheurs d'ici-bas m'étaient tous défendus
Je semais des violettes et chantais pour des prunes
Et tendais la patte aux chats perdus.

Refrain
Ah ah ah ah putain de toi
Ah ah ah ah ah ah pauvre de moi...

Un soir de pluie v'là qu'on gratte à ma porte
Je m'empresse d'ouvrir, sans doute un nouveau chat!
Nom de dieu l' beau félin que l'orage m'apporte
C'était toi, c'était toi, c'était toi.

Les yeux fendus et couleur pistache
T'as posé sur mon coeur ta patte de velours
Fort heureus'ment pour moi t'avais pas de moustache
Et ta vertu ne pesait pas trop lourd.

Au quatre coins de ma vie de bohème
T'as prom'né, t'as prom'né le feu de tes vingt ans.
Et pour moi, pour mes chats, pour mes fleurs, mes poèmes
C'était toi la pluie et le beau temps...

Mais le temps passe et fauche à l'aveuglette.
Notre amour mûrissait à peine que déjà,
Tu brûlais mes chansons, crachais sur mes viollettes,
Et faisais des misaires à mes chats.

Le comble enfin, misérable salope.
Comme il n' restait plus rien dans le garde-manger,
T'as couru sans vergogne, et pour une escalope,
Te jeter dans le lit du boucher.

C'était fini, t'avais passé les bornes.
Et, r'nonçant aux amours frivoles d'ici-bas,
J' suis r'monté dans la lune en emportant mes cornes,
Mes chansons, et mes fleurs, et mes chats.
 


Hécatombe
Au marché de Briv'-la-Gaillarde
A propos de bottes d'oignons,
Quelques douzaines de gaillardes
Se crêpaient un jour le chignon.
A pied, a cheval, en voiture,
Les gendarmes mal inspirés
Vinrent pour tenter l'aventure
D'interrompre l'échauffourée.

Or, sous tous les cieux sans vergogne,
C'est un usag' bien établi,
D‚s qu'il s'agit d' rosser les cognes
Tout le monde se réconcilie.
Ces furies perdant tout' mesure
Se ruèrent sur les guignols,
Et donnèrent je vous l'assure
Un spectacle assez croquignol.

En voyant ces braves pendores
Etre à deux doigts de succomber,
Moi, j' bichais car je les adore
Sous la forme de macchabées
De la mansarde où je réside
J'exitais les farouches bras
Des mégères gendarmicides
En criant: "Hip, hip, hip, hourra!"

Frénétiqu' l'un' d'elles attache
Le vieux maréchal des logis
Et lui fait crier: "Mort aux vaches,
Mort aux lois, vive l'anarchie!"
Une autre fourre avec rudesse
Le crâne d'un de ses lourdauds
Entre ses gigantesques fesses
Quelles serre comme un étau.

La plus grasse de ses femelles
Ouvrant son corsage dilaté
Matraque à grand coup de mamelles
Ceux qui passe à sa portée.
Ils tombent, tombent, tombent, tombent,
Et s'lon les avis compétents
Il paraît que cette hécatombe
Fut la plus bell' de tous les temps.

Jugeant enfin que leurs victimes
Avaient eu leur content de gnons,
Ces furies comme outrage ultime
En retournant à leurs oignons,
Ces furies à peine si j'ose
Le dire tellement c'est bas,
Leur auraient mêm' coupé les choses
Par bonheur ils n'en avait pas.
Leur auraient mêm' coupé les choses
Par bonheur ils n'en avait pas.
 


Marinette
Quand j'ai couru chanter ma p'tite chanson pour Marinette
La belle, la traîtresse était allée à l'opéra
Avec ma p'tit chanson, j'avais l'air d'un con, ma mère,
Avec ma p'tit chanson, j'avais l'air d'un con.

Quand j'ai couru porter mon pot de moutarde à Marinette
La belle, la traîtresse avait déjà fini d'dîner
Avec mon petit pot, j'avais l'air d'un con, ma mère,
Avec mon petit pot, j'avais l'air d'un con.

Quand j'offris pour étrennes un' bicyclette à Marinette
La belle, la traîtresse avait acheté une auto,
Avec mon p'tit vélo, j'avais l'air d'un con, ma mère,
Avec mon p'tit vélo, j'avais l'air d'un con.

Quand j'ai couru tout chose au rendez-vous de Marinette
La bell' disait : " J' t'adore " à un sal' typ' qui l'embrassait
Avec mon bouquet d' fleurs, j'avais l'air d'un con, ma mère,
Avec mon bouquet d' fleurs, j'avais l'air d'un con.

Quand j'ai couru brûler la p'tit' cervelle à Marinette
La belle était déjà morte d'un rhume mal placé,
Avec mon revolver, j'avais l'air d'un con, ma mère,
Avec mon revolver, j'avais l'air d'un con.

Quand j'ai couru lugubre à l'enterr'ment de Marinette
La belle, la traîtresse était déjà ressuscitée
Avec ma p'tit couronn', j'avais l'air d'un con, ma mère,
Avec ma p'tit couronn', j'avais l'air d'un con.
 


Le vieux Léon
(Petite chanson dédiée à Christian ... S'il daignait seulement prendre le temps de passer sur mon site)

Y'a tout à l'heur'
Quinze ans d' malheur
Mon vieux Léon
Que tu es parti
Au paradis
D' l'accordéon
Parti bon train
Voir si l' bastrin-
gue et la java
Avaient gardé
Droit de cité
Chez Jéhovah
Quinze ans bientôt
Qu' musique au dos
Tu t'en allais
Mener le bal
A l'amical'
Des feux follets
En cet asile
Par saint' Cécile
Pardonne-nous
De n'avoir pas
Su faire cas
De ton biniou.

C'est une erreur
Mais les joueurs
D'accordéon
Au grand jamais
On ne les met
Au Panthéon
Mon vieux tu as dû
T' contener du
Champ de navets,
Sans grandes pom-
pe' et sans pompons
Et sans ave
Mais les copains
Suivaient l' sapin
Le coeur serré
En rigolant
Pour fair' semblant
De n' pas pleurer
Et dans nos coeurs
Pauvre joueur
D'accordéon
Il fait ma foi
Beaucoup moins froid
Qu'au Panthéon.

Depuis mon vieux
Qu'au fond des cieux
Tu' as fait ton trou
Il a coulé
De l'eau sous les
Ponts de chez nous.
Les bons enfants
D' la ru' de Van-
ve à la Gaîté
L'un comme l'au-
tre au gré des flots
Fur'nt emportés
Mais aucun d'eux
N'a fait fi de
Son temps jadis
Tous sont restés
Du parti des
Myosotis
Tous ces pierrots
Ont le coeur gros
Mon vieux Léon
En entendant
Le moindre chant
D'accordéon.

Quel temps fait-il
Chez les gentils
De l'au delà
Les musiciens
Ont-ils enfin
Trouvé le la
Et le p'tit bleu
Est-c' que ça n' le
Rend pas meilleur
D'être servi
Au sein des vi-
gnes' du Seigneur
Si d' temps en temps
Un' dam' d'antan
S' laisse embrasser
Sûr'ment papa
Que tu r'grett's pas
D'être passé
Et si l' bon Dieu
Aim' tant soit peu
L'accordéon
Au firmament
Tu t' plais sûr'ment
Mon vieux Léon.
 



 
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